mardi 22 octobre 2013
Désespoir
Désespoir
En 1968, les Français « s’ennuyaient ». En 2013, ils ont peur et la colère monte. Il est évidemment trop tôt pour imaginer une révolte printanière, mais cette angoisse est inquiétante. Impôts trop lourds, délinquance mal contenue et autres incertitudes, plus ou moins diffuses, pèsent sur le quotidien d’un pays en panne.
Cette fois, le pouvoir ne pourra pas accuser les sondages anxiogènes. Ce sont les préfets qui tirent la sonnette d’alarme. Généralement prudents, ils ont dû réfléchir à deux fois avant de prévenir leur hiérarchie de la sinistrose ambiante. Message reçu cinq sur cinq, puisque les principaux dirigeants de la majorité en ont été destinataires. Il leur faut désormais digérer cette potion amère qui contredit la vision positive du président de la République.
Les concitoyens de François Hollande ne partagent pas son optimisme économique. Leur feuille d’impôt est bien plus réelle que l’hypothétique inversion du chômage. Même si, ici ou là, quelques signes encourageants se font sentir, ils ne viennent pas soulager les petites ou grandes misères quotidiennes. Ces données sont bonnes pour les analystes et pour tous ceux qui ont perdu la confiance d’une majorité de Français. Ces derniers se sentent au mieux incompris, au pire délaissés.
Cette sensation d’abandon va en s’accentuant. Non seulement, l’État ne peut protéger les salariés du chômage, mais il se montre tout aussi incapable de lutter contre les incivilités (terme qui permet de dissimuler une petite criminalité de plus en plus pesante). De ce point de vue, l’affaire Leonarda est catastrophique. François Hollande a donné l’impression que le cas d’une famille en situation irrégulière le préoccupait davantage que le sort des agriculteurs. Ce n’est évidemment pas le cas, mais, dans un tel climat, chaque faux pas élargit le fossé entre la « France profonde » et ceux qui sont en charge de son destin.
Les autres relais institutionnels ne fonctionnent guère mieux. Les prochaines élections risquent d’être dévastatrices. Le vote protestataire ou l’abstention ne régleront rien. Une fois les élections passées, les Français risquent d’être encore plus seuls avec leur colère. C’est là que tout sera à craindre.
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