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mardi 24 septembre 2013

France-Allemagne, la débâcle

France-Allemagne, la débâcle
Le triomphe électoral de la chancelière allemande, Madame Merkel, dimanche 22 septembre, contraste avec le marasme dans lequel s’ébattent les dirigeants politiques français. Ce décalage ne fait que refléter le triomphe économique de l’Allemagne face à la débâcle française : un solde commercial de + 239 milliards $, pour un déficit de -104 M$ ; un taux de chômage de 5,3% contre 11% ; une part de l’industrie dans la valeur ajoutée de 24% contre 12% ; un PIB allemand supérieur de près de 40%. Tous ces chiffres (les Echos-data 2013) sont à considérer alors que les deux pays se tenaient de près jusqu’à 1980 et que l’Allemagne a dû faire face au coût gigantesque de la réunification. Ce décrochage aura des conséquences désastreuses sur le plan de l’équilibre politique européen. Celui-ci était fondé sur une relation d’égal à égal entre les deux pays depuis 1950. Désormais, la France se situe à la remorque de l’Allemagne. Les démagogues trouveront dix mille excuses à cette catastrophe française, les bas salaires allemands, l’euro, etc. Ces facteurs, ou "circonstances atténuantes",  peuvent avoir joué, mais à la marge. La seule vraie raison, la raison profonde de cette débâcle, c’est que la France a continué à vivre au dessus de ses moyens, a refusé la logique de l’effort, n’a pas eu le courage de faire les indispensables réformes difficiles et impopulaires, d’adapter au monde moderne son modèle économique et social (retraites, marché et droit du travail, fiscalité, système social, etc.). Le drame de ce décrochage à long terme c’est celui d’une dépendance croissante de la France à l’égard de l’Allemagne, susceptible de favoriser un retour de la tension et de l’animosité en Europe et de fragiliser tout l’édifice de paix bâti depuis 1960 entre les deux pays. Raymond Poincaré, l’un de nos derniers grands hommes d’Etat visionnaires, au lendemain de la Grande Guerre, sentait que le salut de l’Europe reposait sur l’équilibre entre les deux pays, écrivant 1er janvier 1921, dans la Revue des Deux Mondes : « Que la France soit à même de traiter avec l’Allemagne d’égale à égale, c’est la meilleure façon de préparer, pour l’avenir, un rapprochement sincère entre les deux nations. Quand saluerons-nous l’aurore de ces jours nouveaux, où la paix, descendant sur le Rhin, illuminera le monde entier ? » Cet équilibre est désormais rompu. Un gouvernement responsable et lucide devrait placer au cœur de ses priorités une transformation profonde du système économique et social français, en se donnant pour objectif un rattrapage de l’Allemagne à l’horizon d’une décennie; dans l’intérêt de la France, de l’Allemagne, et de l’équilibre l’européen.

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