TOUT EST DIT

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vendredi 26 juillet 2013

Lettre à un député hollandiste


Tu aimes, comme moi, la vie parlementaire que tu mènes. Tu connais les départs en train au matin hâve, les discussions de commissions, les joutes de l'hémicycle, les discours de tribune, les batailles d'amendements et les séances de nuit. Tu sais aussi combien, dans le petit territoire de France qui t'a porté à l'Assemblée nationale, nos compatriotes aimeraient que tu ne les déçoives pas. Je ne doute pas de ta sincérité. Et je ne prétends pas être propriétaire de la vérité. Mais je t'invite à réfléchir lucidement à ce qu'est, pour la France, le système hollandiste, dont tu es le prisonnier volontaire.
Qu'est-ce que le hollandisme? C'est d'abord un présidentialisme hésitant. Le premier drame de François Hollande est d'être encombré par son propre pouvoir: ce chef de parti ne sait pas vraiment être le chef de l'État. Il a tenté d'adopter la rhétorique volontariste de la Ve République, comme pour se convaincre d'avoir vraiment, en lui, un "moi président". Mais au-delà des mots, il reste dominé par un "ça" partisan. Il manie son gouvernement en homme qui se délecte des synthèses solfériniennes. Il fait ce qu'il sait faire: gérer les contradictions des gauches, adresser un signal aux unes, accorder des prébendes aux autres, concocter de nouveaux modes de scrutin pour tenter de durer.
Le hollandisme est aussi un hédonisme souriant. Plutôt que de gouverner hardiment, les élites roses jouissent de l'apparence du pouvoir. Regarde, cher collègue député, les petits marquis qui peuplent les cabinets: ils ne rencontrent pas, eux, les Français que tu reçois dans tes permanences. Ils se croient encore à la fête. François Hollande, lui, ne semble pas savoir que l'histoire est tragique. Il s'abandonne à la théorie des cycles: plus cela va mal, plus cela devrait aller mieux. La croissance est nulle, le chômage s'envole? C'est donc que celle-là reviendra et que celui-ci s'en ira. Les banlieues grondent, les campagnes se désespèrent ? C'est encore «la faute à Sarko», François Hollande n'y est pour rien et demain tout ira bien.
Au fil des mois, le hollandisme se révèle pour ce qu'il est: un immobilisme inquiétant. Pour se donner bonne conscience, le président joue les progressistes: il s'affiche "sociétal", il marie les personnes de même sexe et sa ministre de la Justice croit défendre tous les damnés de la terre, car elle cite Frantz Fanon. Mais le réel est là: les déficits sont gigantesques, il faut parer au plus pressé. Le plus facile à faire, c'est encore la reproduction des habitudes du passé, ce qui est la définition même de l'immobilisme. C'est pourquoi le président Hollande se contente d'augmenter les impôts, d'acheter des emplois publics, de conforter les rentes, plutôt que de rénover la France de la cave au grenier.
L'Élysée est devenu le palais des montres molles. Salvador Dali s'y plairait: dans les couloirs, on entend le tic-tac du déclin.
Tout cela finira mal.
Ouvre les yeux!
N'oublie pas que toutes les formations politiques ayant exercé les responsabilités gouvernementales depuis 1978 ont été battues aux élections générales suivantes. Les Français ont toujours appliqué, depuis trente-cinq ans, une règle consistant à sortir les sortants. Ils votent comme des régicides. Prends-garde à ce que la défiance et le désespoir ne les fassent pas, demain, agir en révolutionnaires.

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