TOUT EST DIT

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mardi 21 mai 2013

Un mal social


Les urgences hospitalières sont un lieu indiqué pour prendre le pouls de notre monde. Ce qui s’y passe va bien au-delà de la prise en charge d’une somme de traumatismes et d’affections. Comme si le trop-plein de misère physique, d’abandon social voire d’incivisme que produit une collectivité avait trouvé son déversoir dans l’accueil hospitalier d’urgence.
La saturation du dispositif français d’urgence relève pour une part de phénomènes bien palpables : vieillissement de la population, épidémies saisonnières, démographie médicale défavorable et évolution de la pratique des médecins de ville, eux aussi plus soucieux de leur vie privée, voilà qui draine dans les établissements de santé un nombre sans cesse croissant de patients. Mais l’engorgement procède aussi de comportements typiques de l’époque, assez proche d’un consumérisme de santé. Par facilité, par négligence mais aussi par manque de régulation médicale, des patients vont aux urgences sans qu’il y ait urgence. Au point qu’une bonne part de l’activité pourrait être différée.
Avant que de hurler à la paresse et à l’inconséquence de nos citoyens, il convient de ne pas négliger que, pour certains, parents isolés, personnes non valides, indigents, les parcours de santé sont devenus trop complexes, voire hermétiques. Et que la crise, encore elle, est passée par là : si d’aucuns passent des heures à attendre aux urgences, c’est aussi parce qu’ils ne peuvent pas payer l’avance des frais ou un reste-à-charge.
Le recours de plus en plus important aux urgences est en quelque sorte un indicateur de la santé de notre système de soins. Chaque fois que, dans le maillage de l’offre médicale, dans l’organisation de la prise en charge ou dans la structuration de la solidarité à l’égard des plus faibles se manifeste un manque, c’est aux urgences que tout finit, même en l’absence de détresse vitale. On comprend le blues des urgentistes : la société entière leur arrive chaque jour sur un brancard.

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