TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

samedi 11 mai 2013

Question de circonstances

Question de circonstances


Ils sont extraordinaires, nos révolutionnaires, fils de la Grande Révolution, élevés dans le culte du « Grand soir », qui nous gouvernent. Ils n’ont à la bouche que les mots de légalité, respect des institutions, admiration pour les forces de l’ordre…
De qui se moque-t-on ? Sinon de nous ?
Ces gens-là, jouent les provocateurs, les transgressifs, les subversifs, mais, attention ! Dites-le leur, manifestez votre mécontentement et, aussitôt, les grandes orgues du pouvoir, de l’ordre et de la morale vous joueront l’air du « Tiens-toi tranquille, vilain petit canard ».
En face, de notre côté, les autorités morales, spirituelles, religieuses, renchérissent dans le rappel de nos devoirs – nous sommes des chrétiens – donc nous devons aimer nos ennemis, tendre la joue gauche après avoir reçu une gifle sur la droite, ne pas nous transformer en zélote qui réclamerait la royauté temporelle d’un messie crucifié dont le règne n’est pas de ce monde, nous laisser dévorer comme les brebis le sont quand arrivent les loups… et penser qu’après tout, Dieu étant maître de l’histoire, sa victoire éclatera un jour, plutôt de l’autre côté de la vie… etc.… etc.…
Mais alors, pourquoi manifester ?  Pourquoi marcher ? Pourquoi crier ? N’est-ce pas déjà une pression ? Une occupation du domaine public ? N’est-ce pas fatigant, épuisant pour les forces de l’ordre ? Ne mettons-nous pas leurs nerfs à dure épreuve ? Où s’arrête notre droit ? Taubira, ta loi en n’en veut pas Taubira, Ta réforme, si tu savais, … Elle doit être choquée, la pauvre Taubira… elle doit mal dormir… se bourrer de tranquillisants… faire trois fois plus de vélo… s’énerver sur la pédale… est-ce qu’il ne faudrait pas, par hasard, ou par charité, être moins pressant ? Laisser faire ?... de toutes les façons, ce monde, qui n’est pas le nôtre, croulera demain devant notre foi… falbala …
Déjà, il y a un peu moins de quatre siècles, voyant les efforts, l’argent, les hommes, les armes que Richelieu déployait devant La Rochelle pour arracher cette place forte à l’hérétique et à l’étranger, le Cardinal de Bérulle disait « à quoi bon ? Si Dieu le veut, La Rochelle tombera… Prions et espérons… ».  A quoi, l’autre Cardinal, l’homme d’Etat répondait :« Qu’il prie, moi, je déploie mes armées. »
Nous sommes au Royaume de Jeanne. Nous sommes les compagnons de Jeanne. Tout homme qui tient une place et ne la rend pas est compagnon de Jeanne d’Arc. Et tout homme qui la rend, cette place, est un salaud. Ainsi, ou à peu près, en tout cas beaucoup mieux, parlait Péguy. Que, pour des raisons tactiques, pour des raisons de bon sens évident, nous ne harcelions pas aujourd’hui des forces de l’ordre dont il faut reconnaître que, dans l’ensemble, elles sont bienveillantes… personne ne le met en doute. Nous ne nous en prenons pas aux gendarmes, aux policiers, aux CRS, mais à ceux qui les utilisent… mais, s’il faut faire du droit et de la morale…. allons y.
De quel droit les autorités qui utilisent la force armée m’interdisent-elles d’aller jusqu’à l’Assemblée nationale, où siègent les députés qui, parait-il me représentent ? De quel droit ma liberté de circuler dans ma ville – la ville où je paie l’impôt foncier et la taxe d’habitation, la taxe sur les bureaux et la taxe sur la voirie – est-elle ainsi entravée ? Parce que je suis hostile à un projet de loi et que je manifeste mon hostilité ? Mais où est le droit qui fonde la légitimité de cette violence qui m’est faite ? L’Assemblée nationale est ma maison, mon palais, ma chambre… c’est moi qui paie, c’est moi qui vote, c’est moi le peuple.
Seraient-ils ces messieurs-dames qui utilisent contre moi la force armée dépositaires d’un droit divin ? Où est l’eau, l’huile, le chrême qui leur a donné l’onction ? Où est le sacrement qui rend inviolable cette autorité ? Ils ont été élus ! La belle affaire ! Dans quel texte, la Constitution qui définit leur autorité dit-elle que cette autorité a un fondement supérieur à ma volonté ? Pour eux, ils l’ont proclamé, rien n’est sacré, ni le mariage, ni la vie humaine à son commencement, ni la vie humaine à sa fin. Ils peuvent en disposer. Ils sont dans le relativisme absolu. Alors, moi aussi, je dispose d’eux ; leur autorité est relative. Entre eux et moi, il n’y a rien d’autre qu’un rapport de force.
Lénine le disait déjà, dans sa brutale lucidité, l’Etat c’est « détachement d’hommes armés, juges, prisons ». Les bourgeois l’utilisent contre la révolution. Le prolétaire l’utilise contre le bourgeois. Ce cynisme absolu n’a qu’un défaut : il fait fi de la conscience, de la simple humanité de ceux qui composent cet instrument d’Etat. Les policiers, les officiers, les gendarmes, les CRS, les juges, les militaires ne sont pas des jouets mécaniques. Ce sont des hommes. Des animaux qui pensent, qui parlent, et qui, même, parfois, prient et réfléchissent. Des hommes comme vous et moi.
Aussi, arrive-t-il, dans l’histoire, que, contrairement à ce que pensait Lénine, des hommes aient une vue claire de ce qu’est leur devoir, devoir d’Etat, c’est le cas de le dire. Alors, il existe une sorte d’harmonie entre le peuple et l’Etat. Alors la lutte des classes s’arrête – Marx lui-même le reconnaissait – dans les époques bénies… mais pour en arriver-là… Eh bien ! il faut travailler, lutter, prier, se battre. Jeanne ne s’est pas contentée de prier, de conseiller, de parler ; Jeanne a conduit les batailles, ce qui signifie, non seulement recevoir des coups, mais encore, mais surtout, en donner.
Que les professeurs de morale et les pontifiants d’éthique mettent une sourdine à leur propos. Si, pour des raisons d’évidente prudence, il n’est pas recommandé d’utiliser la violence dans nos manifestations, cette prudence ne découle d’aucun impératif catégorique, qui descendrait du ciel d’une prétendue morale intangible. C’est une question de circonstances, de tactique ou de stratégie, comme on voudra… qui, demain, peut parfaitement se poser autrement. C’est une décision d’opportunité, pas un cas de conscience.
Nous ne sommes pas des zélotes. Nous sommes des Francs. « Vive le Christ qui aime les Francs ! » Jésus n’a pas voulu être roi d’Israël, mais Il est venu pour être le Roi de l’Univers. Ce qu’Il est… Et toutes les nations reconnaitront Sa Gloire ! La nôtre, la nation française, comme les autres !
Et peut-être, en raison de ce qu’elle a reçue, plus que les autres ! Là est notre devoir. Là est notre vocation… qui est passée, si souvent, par l’emploi des armes. N’oublions jamais les mots du bienheureux Frédéric Ozanam, notre vocation, c’est « la gloire temporelle du christianisme ».
Cette gloire temporelle, la jeune génération l’incarne aujourd’hui sur les places des villes de France, sur l’Esplanade des Invalides – l’hôtel militaire et royal, la demeure guerrière et impériale, image de la France qui s’est faite au fil de l’épée – génération qui veille et qui prie, mais aussi génération qui  marche et qui crie, et dont le sang généreux montre déjà qu’elle est prête à aller, comme Jeanne, son modèle, jusqu’à la Victoire.

0 commentaires: