TOUT EST DIT

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samedi 11 mai 2013

Fillon se prend pour Pompidou..., il ressemble à Rocard


Vous revenez sur la phrase prononcée hier au Japon parFrançois Fillon, qui s'est déclaré candidat à la présidentielle, "quoi qu'il arrive". L'attitude de l'ancien Premier ministre vous rappelle deux de ses prédécesseurs. Votre parti pris : Fillon se prend pour Pompidou, il risque de finir comme Rocard...
Écartons d'emblée l'erreur d'interprétation : contrairement à ce qu'il a dit ensuite, François Fillon a bien parlé d'être candidat en 2017 - donc pas à la primaire UMP, mais à la présidentielle. Cette annonce indirecte, depuis l'étranger, rappelle étrangement l'"appel de Rome" de Pompidou, qui, en 1969, s'était posé en successeur de De Gaulle et, du coup, avait accéléré sa chute. De même, Fillon espère pousser Nicolas Sarkozy vers la retraite pour prendre la relève. Mais dans la longue histoire des Premiers ministres qui ont rêvé de l'Élysée, c'est plutôt à Michel Rocard qu'il fait penser : lui aussi avait juré de se présenter quoi que ferait François Mitterrand. Et il a fini par s'effacer...
Donc pour vous, pas de doute : il faut lire la phrase de François Fillon comme une attaque explicite contre Nicolas Sarkozy...
Loser, ça c'est certain.
C'est sûr. Quand il dit "quoi qu'il arrive", il faut entendre "qui qu'il arrive". C'est la réponse à cette question lancinante et qui l'insupporte : que fera-t-il si Nicolas Sarkozy veut revenir ? Le problème de Fillon, c'est que dans tous les sondages l'électorat de droite lui préfère largement Sarkozy pour 2017. En plus, ses partisans doutent de sa fermeté - il a déjà renoncé à la présidence de l'UMP et à la mairie de Paris... Donc, il cherche à la fois à rassurer ses troupes (sur lui-même) et à dissuader Nicolas Sarkozy (d'un come-back). On verra sur quel front il sera le plus convaincant...
Si on considère sa déclaration de Tokyo comme une entrée en lice quasi officielle, est-ce que François Fillon ne part pas un peu tôt ? La présidentielle, c'est dans quatre ans !
C'est vrai, mais jusqu'ici il se concentrait sur la primaire, et 2016, c'était déjà loin. S'il accélère, c'est qu'il ne pensait pas que Nicolas Sarkozy aurait un retour en grâce aussi rapide dans l'opinion. D'où les piques qu'il lance contre lui, les désaccords qu'il a exprimés (toujours après coup) sur les 35 heures, la compétitivité ou le FN ("irréconciliables", dit-il dans le documentaire de Franz-Olivier Giesbert diffusé sur France 3). Dans Le Monde, en février, il disait que si Nicolas Sarkozy revenait avec un projet susceptible de convaincre les Français, il le soutiendrait. On voit bien qu'il n'en croyait pas un mot. Depuis un an, il voulait incarner une force tranquille ; aujourd'hui, il est plutôt dans la force fébrile.
Quelle peut être la réaction de Nicolas Sarkozy ? Plusieurs de ses proches ont déjà réagi en attaquant François Fillon... C'est la guerre à droite qui recommence ?
C'était écrit. Les sarkozystes ont toujours considéré que François Fillon n'était pas un chef de guerre - et d'une certaine façon, la façon dont il a mené (et perdu) la bataille pour l'UMP les a confortés. Sans le contrôle du parti, il n'a pas d'autre carte à jouer que de contester publiquement le leadership de Nicolas Sarkozy. Donc, on est passé des échanges d'amabilités à l'ouverture des hostilités. Il faudra se souvenir que c'est un jeudi de l'Ascension que François Fillon a donné le signal de... l'escalade.

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