TOUT EST DIT

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lundi 13 mai 2013

Encore quatre


Il y a un an, le 6 mai 2012 la France a salué un grand espoir – le candidat de la gauche François Hollande a gagné la présidentielle face à Nicolas Sarkozy. Pourtant un an après il aboutit à une cote de popularité si basse que n’a jamais connu ni son adversaire ni aucun des présidents de la Vème République : 25% aujourd’hui contre 61% après les élections. Donc celui qui voulait être « le président de tous » est devenu « le président d’un quart».Tout juste élu, François Hollande a promis un mandat « lourd, grand et beau ». Néanmoins il deviens de plus en plus lourd : le chômage bat un record historique – plus de 10% de la population active et 25,7% de jeunes, le déficit budgétaire va certainement grimper à 3,9% du PIB en 2013 contre 3% de prévu. Les Français ne veulent pas rester dans leur pays : selon les sondage plus de la moitié de jeunes ne voit pas leur avenir dans leur pays. La crise financière et sociale c'est alourdie par la crise politique. Si cher à François Hollande « le gouvernement exemplaire » a tout à coup perdu son excellence après l’affaire Cahuzac. Cette première année donnera-t-elle un départ pour un cercle vicieux pour le Président Hollande ou restera-t-elle tout simplement un départ difficile ? L’analyse de Bruno Cautres, chercheur CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) au Cevipof :

Vers sa première année de présidence, François Hollande est arrivé avec une cote de popularité historiquement basse pour la cinquième république. Est-ce que cette cote reflète ses résultats politiques?
Cette cote de popularité exceptionnellement basse, je pense qu’elle a plusieurs explications. La première explication c’est bien sûr l’effet de la crise économique. François Hollande est comme les autres dirigeants européens, il annonce des mauvaises nouvelles aux électeurs et quand on annonce des mauvaises nouvelles aux électeurs, c’est à dire qu’on augmente les impôts et on réduit les prestations, on se fait beaucoup de mécontents dans l’opinion publique. On peut faire l’hypothèse, que si François Hollande avait été élu dans une période plus facile économiquement, la dégringolade de sa popularité n’aurait pas été aussi forte et aussi rapide. Il y a aussi une deuxième explication, c’est qu’il y a un climat de manque de confiance dans la politique et de pessimisme dans l’économie, que nous constatons en France depuis un certain nombre d’années. Le Cevipof (Centre de Recherches Politiques de Sciences Po) réalise une enquête qui s’appelle le baromètre de la confiance politique, depuis quelques année et nous constatons depuis plusieurs années des pourcentages très élevés de Français qui disent que les hommes politiques sont corrompus, sont malhonnêtes, qu’ils ne s’occupent pas des problèmes des gens, ils ne sont pas efficaces. Et en même temps on remarque un très grand pessimisme dans l’avenir et surtout dans l’avenir économique.
Il est à la fois victime de la crise économique et également du climat de manque de confiance des Français, mais il y a quand même des problèmes qui sont particuliers à François Hollande, d’abord et avant tout des problèmes qui étaient apparus, même dans la campagne électorale et dès le lendemain de l’élection, c’est l’interrogation sur son leadership. François Hollande quand on regarde ses images dans l’opinion publique, il apparait toujours comme quelqu’un d’honnête, de sympathique, de simple... par contre il a perdu cette proximité avec les gens, qui lui était attribuée et surtout il y a aujourd’hui une grande interrogation - est ce qu’il est assez dimensionné pour être le président de la République française dans une période de crise économique. Il a beaucoup donné le sentiment d’être hésitant, alors que lui-même n’arrête pas de dire qu’il a une ligne directrice, qu’il s’y tient. Il y a eu en un an, beaucoup de signes d’hésitation de François Hollande, aux quels se sont ajoutés d’autres signes de cacophonie du gouvernement - on a un jour un ministre qui dit une chose, le lendemain un ministre qui semble dire autre chose. Je pense que c’est la combinaison de tout ça qui explique le niveau de popularité aussi bas de François Hollande.

Quand vous dites que François Hollande n’a pas une image d’un leader charismatique. Est ce que c’est quelque chose que les Français attendaient de lui?
Les Français n’attendent plus que le président soit comme le général de Gaulle. Quand vous voyez aujourd’hui des images de de Gaulle, de Pompidou et même de Giscard d’Estaing, on a le sentiment du monarque républicain. Les Français ne souhaitent plus avoir cette espèce de figure tutélaire, de monarque républicain qui domine la scène publique, dans le même temps il ont le souhait qu’il y ait une certaine forme de majesté du pouvoir présidentiel. Ca François Hollande arrive pas trop mal à l’incarner, alors que Nicolas Sarkozy n’y arrivait pas bien. Par contre François Hollande n’arrive pas bien à incarner le coté du président qui gouverne, qui prend des grandes décisions, ce qui était par contre quelque chose que Nicolas Sarkozy semblait pouvoir incarner. Donc il y a une attente chez les Français, que le pouvoir exécutif soit efficace, qu’il trouve des solutions aux problèmes de la vie des Français - le chômage, le pouvoir d’achat, la sécurité, l’éducation et l’avenir de leurs enfants.

Pour continuer sur la comparaison avec Nicolas Sarkozy. Est-ce qu’on peut mettre sur le compte de la gouvernance de la Droite tous les problèmes de dette, de chômage etc. Ou est-ce qu’on peut déjà parler d’un résultat propre à François Hollande?
Je pense qu’il y a les deux. Les problèmes économiques de la France ne datent pas d’hier, ils ne datent même pas de Nicolas Sarkozy. Les problèmes économiques de la France, ils sont ceux de tous les pays occidentaux. Les problèmes économiques sont avant tout ceux d’une société post industrielle, les secteurs industriels continuent de subir la compétition du nouveau monde, en particulier du monde asiatique qui est en train d’émerger. Et ces sociétés post industrielles, arrivent mal à gérer cette transition, à ne plus être les puissances industrielles, qu’elles étaient avant. Je pense que c’est un gros effort pédagogique, que les candidats aux élections présidentielles devraient faire, ils devraient essayer d’éviter d’expliquer que tout est de la faute du prédécesseur et que tout va aller mieux maintenant.

Si on parle des promesses de campagne de François Hollande, il y en avait 60, combien est-ce qu’il en a exécuté?
Le calcul est difficile, selon qu’on ait une définition très dure ou flexible de ce que veut dire « tenir une promesse ». Mais quand on regarde de près, il y a tout un tas de chantiers que François Hollande a ouvert. Il y a plein de domaine qui touchent aux promesses de campagne auxquelles il a commencé à s’atteler. Mais il n’arrive pas à faire entendre qu’il a tenu en partie certaines de ses promesses, parce qu’au fond les promesses sur les quelles il n’a pas pu enclencher quelques chose, voir sur les quelles il est revenu, sont des promesses très symboliques. Pendant la campagne tout le monde avait retenu- je vais renégocier le traité avec les Allemands. Cette renégociation avec les Allemands on ne l’a pas eu. On a eu- je vais inverser la courbe du chômage et on attend toujours. On a eu - c’est de la faute des riches, il faut beaucoup les taxer, mais maintenant on voit que c’est très compliqué de taxer beaucoup les riches. C’est sur certaines de ces propositions fortement symboliques, qu’il n’a pas pu tenir ces promesses.

Est-ce que vous pouvez donner par exemple l’une de ses plus grandes réussites et l’un de ses plus grands échecs cette année?
Je pense que l’une de ses réussites, c’est d’avoir enclenché, mais on ne peut pas vraiment parler de réussite parce que ce sont simplement des choses qui démarrent. Il a enclenché des accords d’emploi pour les jeunes. Un des plus grands échecs de François Hollande, c’est que la France n’est pas revenu dans les 3% d’endettement public, comme elle s’y était engagé auprès des dirigeants européens pour 2013. C’est même difficile de donner une réussite claire et nette de François Hollande, il a engagé des choses, mais on verra à un horizon de deux ans si c’est une réussite ou pas.

Mais qu’est ce que vous pensez qu’il devrait faire à un horizon d’une ou deux années?
Je pense que c’est très difficile ce qui attend François Hollande, parce qu’il a fait 20% de son mandat, il est très bas dans les sondages, alors même qu’il doit aborder maintenant des réformes très douloureuses et en particulier la réforme des retraites et la réforme de la protection sociale en France.

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