TOUT EST DIT

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lundi 20 mai 2013

Cours de bourse élevés, taux de chômage records, croissance molle : le Triangle des Bermudes de l’économie

Le mythique Triangle des Bermudes est une région de l’océan Atlantique entre Miami, Porto Rico et les îles Bermudes, dans laquelle on a relevé des disparitions mystérieuses de navires et d’avions depuis le 19ème siècle.
Il a un alter-ego économique, affirme Steen Jakobsen, Economiste en Chef de Saxo Bank : ce Triangle des Bermudes Economique est l’absence de volonté de prendre en compte les indicateurs économiques que sont les cours élevés en bourse, les taux de chômage record et les faibles croissance et productivité. Beaucoup de signes peuvent expliquer ces phénomènes, mais nos dirigeants et les banquiers centraux ne veulent pas les prendre en compte, car cette prise en compte serait désastreuse sur le plan politique. Ils préfèrent donc imprimer de la monnaie et dépenser cet argent en espérant que cela pourra produire de la croissance.
Pour les banques centrales, il s’agit de créer un sentiment positif qui conduira à stimuler les investissements. Elles utilisent la bourse comme indicateur. Or, la bourse a atteint des niveaux record récemment. Mais cela n’est pas un signe de santé de l’économie, estime Jakobsen, qui rappelle que seuls les 10% les plus riches investissent sur les marchés boursiers.
Avec les Abenomics, le Japon a choisi de créer une véritable bulle, mais rien n’indique que cette méthode va marcher, et Jakobsen observe même que le taux d’intérêt, qui aurait dû chuter avec l’impression de monnaie, a même augmenté brutalement au bout d’un mois seulement.
Lorsque ces mesures échouent à produire des effets réellement positifs, les politiciens ne concluent pas que leur politique était mauvaise, mais ils poursuivent la même stratégie en redoublant d’efforts. De cette façon, les pays industrialisés dont les économies sont stagnantes s'enfoncent dans une spirale de création d’argent pas cher, et d’augmentation de la dette. Et pendant ce temps, ils ne mettent pas en place les réformes structurelles douloureuses qui s’imposent pourtant.
An Allemagne, avec la perspective des élections, Merkel est placée face à un dilemme difficile : soit elle cède aux demandes de la périphérie et l’Allemagne risque de perdre sa cote triple A, soit elle poursuit l’austérité, mais cela pourrait compromettre les exportations et la croissance allemande à long terme. Jakobsen prédit que compte tenu des pressions qu’elle va subir de la part des Verts et du SPD, elle sera contrainte de poursuivre l’austérité, ce qui créera une impasse politique en Europe. Chaque pays européen devra donc accepter que la croissance ne pourra venir que d’une volonté de réformer et de prendre les décisions douloureuses.
Nous pourrions donc nous diriger vers une nouvelle crise, parce que les gouvernements et les banques centrales privilégient la création de bulles, et la probabilité d’éclatement de ces bulles augmente avec elles.
Alors que l’on aurait besoin d’inventeurs, de consommateurs et d’investisseurs, parce que le monde manque d’innovation, d’appétit pour la vie et de foi en nous-mêmes, « le Triangle des Bermudes économique a fait de nous tous des receveurs de bénéfices, créant une version de la vie dans laquelle nous choisissons de croire que le changement n’est pas bon », conclut Jakobsen. 

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