TOUT EST DIT

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dimanche 7 avril 2013

La gueule de bois

La gueule de bois 

 Une semaine d'absence. Début d'après-midi de vendredi triste et brouillasseux. Sur un coin de table, la pile des journaux classés par dates, une paire de ciseaux pour archiver l'essentiel et pour découper ces petites tranches de vie que l'on sirote comme des gorgées de plaisir. L'impatience aussi de renouer avec l'actualité, cette addiction dont on guérit si mal. Vertige. Malaise jusqu'à la peur de la spirale terrifiante. Envie de vomir. La folle cascade de chocs et événements qui a fait la une ces derniers temps bastonne la démocratie mutilée par les égarements que la liberté des juges a mis au jour. Un assourdissant bazar. En fond, les musiques d'Al-Andalus, ce rêve brisé de fraternité universelle, deviennent gênantes.

Un vrai printemps pourri. Les aveux de Cahuzac, la mise en examen de l'ex-président, les intégristes catholiques la nuit chez une sénatrice pas d'accord avec eux, une ancienne ministre gazée dans la manif anti-mariage gay, les jeunes qui exigent leur part de promesses, un trésorier aux Caïmans, deux banques épinglées, une Europe malade qui bafouille le sauvetage de Chypre, un mort à Koh-Lanta et des injures qui fusent.

Une trop longue suite de n'importe quoi. À croire que la France était bourrée. Une de ces grosses cuites qui vous fait marcher de travers et perdre tout bon sens. Sauf que c'est nous qui avons la gueule de bois. La surproduction de scandales a un goût plus amer en temps de crise. S'il existait un thermomètre pour indiquer la température du sang qui bout dans les veines, il faudrait le surveiller attentivement. Car les portes de la colère ouvrent toujours sur la rue sous la pression de l'injustice. Ce n'est pas une affaire de morale, les Français savent que l'on ne gouverne pas avec des bons sentiments. Ce qu'ils veulent, c'est que l'on abandonne cette logique de règlements de comptes pour revenir à une logique de projet.

D'accord pour les larmes et la sueur churchiliennes si elles doivent nous libérer de la crise qui n'en finit pas. Mais pour gagner ce consensus général, il faut des responsables politiques crédibles qui tiennent ferme le gouvernail de l'État. Le vrai risque aujourd'hui ce n'est pas le populisme, c'est de ne pas sortir de la crise.

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