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mardi 5 février 2013

Municipales 2014 : la gauche va-t-elle brûler à Paris ?

Alors que les écologistes feront certainement cavalier seul au premier tour, la stratégie des communistes reste la grande inconnue.

Les liens fragiles qui subsistent entre les partis de gauche vont-ils exploser en 2014 ? La bataille qui s'annonce à Paris constituera un premier test. Face à une droite divisée, mais prête à tout pour récupérer la capitale, tombée dans l'escarcelle de la gauche depuis 2001, le Parti socialiste aurait préféré faire front uni dès le premier tour. Mais la perspective d'une primaire ouverte à tous les partis de gauche a fait long feu : ni les écologistes ni le PCF ne semblent disposés à y prendre part. Le poids croissant de la candidature d'une Anne Hidalgo en tête des intentions de vote dans les sondages pourrait même dissuader le PS d'en organiser une. Mettre en compétition "une candidature très forte et d'autres candidatures plus faibles, c'est risqué", juge Guillaume Balas, président du groupe PS à la région Ile-de-France. Le manque de participation, inhérent à l'absence d'un véritable enjeu, risquerait en effet de porter un coup de canif à la campagne de la favorite.
Les deux escrocs de Paris
Fébriles à l'idée que ces municipales se transforment en "élection sanction", certains au PS voient d'un mauvais oeil les velléités d'indépendance des écologistes et du PCF. "Plus ça va, plus le scrutin municipal est un scrutin local indépendant du contexte national", rassure Christophe Borgel, le Monsieur Élection du PS. Ce dernier, louant au passage la bonne gestion des villes par les socialistes, est persuadé que l'électorat urbain "évolue vers la gauche dans le temps". Selon lui, le pouvoir en place pourrait donc conserver les grandes villes, y compris la première d'entre elles, sans coup férir.

EELV fera cavalier seul

Alliés au maire de Paris depuis 2001 et à la majorité gouvernementale depuis le début du quinquennat, les écologistes envisagent néanmoins de présenter des listes autonomes dès le premier tour. Avec le départ de Bertrand Delanoë, c'est une nouvelle ère qui s'ouvre et Europe Écologie-Les Verts compte bien en profiter. "Les écologistes doivent montrer qu'ils n'ont pas uniquement vocation à être la boîte à idées" du PS, justifie David Cormand, chargé des élections à EELV. D'autant qu'un certain nombre de projets, comme celui des Halles, les ont parfois divisés. En matière de transition écologique, "on peut faire plus", acquiesce Denis Baupin, député vert de Paris et ex-adjoint de Delanoë.
Reste à trancher l'épineuse question du prétendant à l'Hôtel de Ville. Si la candidature de Cécile Duflot, occupée à son ministère, paraît de moins en moins probable, celle du nouveau patron d'EELV Pascal Durand commence à séduire le parti. Contrairement aux candidats déjà déclarés comme Yves Contassot (conseiller de Paris) ou Jacques Boutault (maire du 2e arrondissement), le patron des écolos ne fait pas partie des équipes sortantes. Plus facile ainsi d'expliquer aux Parisiens pourquoi les écologistes font cavalier seul. S'il se jette à l'eau, Durand devra toutefois compenser son manque d'expérience en s'investissant "à fond sur les dossiers parisiens", prévient Baupin. 
Décidés à contester au PS son leadership, les écologistes croient pouvoir attirer un vote intermédiaire, entre adhésion totale au PS et vote de contestation à l'extrême gauche. "C'est une erreur stratégique. Les Verts à Paris, c'est plus du tout ce que ça a été il y a quelques années", conteste-t-on côté PS. Quoi qu'il en soit, au second tour, les écologistes s'uniront à leurs alliés socialistes et vraisemblablement à Anne Hidalgo. Ce qui n'est pas du tout pour leur déplaire. "Son principal défaut, c'est de ne pas être membre des écologistes", glisse Baupin, confiant sur leur capacité à trouver un terrain d'entente.

Les communistes doivent encore trancher

La grande inconnue reste la stratégie qu'adoptera le PCF. Forts de la percée électorale du Front de gauche à Paris lors de la présidentielle (11 %) et des législatives (7 %), les communistes pourraient également être tentés de s'émanciper au premier tour de la tutelle socialiste. "On est devenu un acteur à part entière du paysage politique parisien", affirme Ian Brossat, président du groupe PCF-PG au Conseil de Paris. "Le PS aurait tort de jouer les fiers-à-bras avec nous", lâche-t-il, goûtant peu les "menaces" lancées ces jours-ci par la rue de Solférino. "Il y a toujours eu des endroits où la gauche a été divisée au premier tour. Il n'y a pas mort d'homme. Mais ça ne peut pas être une ligne", tempère Lydie Benoît, chargée des élections au PCF, pour qui le Front de gauche est "trop étroit dans ses habits dans certains endroits" et devra donc décider au cas par cas.
Du côté du PG parisien, on espère que les communistes ne s'engageront pas dans une "rupture stratégique" par calcul. "On brouillerait complètement la cohérence de ce qu'on a raconté en étant tout d'un coup sur les mêmes listes que les socialistes", plaide Danielle Simonnet, conseillère PG de Paris. Le PCF s'est donné jusqu'en juin pour trancher. Nul doute que les socialistes seront suspendus à ses lèvres jusqu'à cet instant.

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