TOUT EST DIT

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mardi 5 février 2013

La France et l’Afrique

La France et l’Afrique



L’image du président Hollande acclamé en héros au Mali, qui fait la une des journaux télévisés et des radios depuis avant-hier, me renvoie à des souvenirs. En mai 2006, j’avais accompagné Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur, à Bamako. Le candidat à l’élection présidentielle venait présenter aux Maliens les projets français sur la « gestion concertée de l’immigration ». La visite avait été troublée par des manifestants qui brandissaient une pancarte « Sarkozy raciste », incident ressenti sur place comme mineur mais qui fit les délices des médias français pendant plusieurs jours. Lors de son discours, le ministre avait été plusieurs fois interrompu par des défenseurs des droits de l’homme, fustigeant « l’impérialisme français » le « néo-colonialisme » et lui rappelant « qu’il n’était pas ici chez lui ». Dans les rapports entre la France et l’Afrique francophone, il y a toujours une sorte d’embarras et de malaise implicite, que l’intervention militaire, le triomphe et les bains de foule ne parviennent pas à dissiper définitivement. Tous les gouvernements veulent créer une relation de « partenariat égal à égal » mais, un demi-siècle après la décolonisation, sans y parvenir. La seule question qui importe à mes yeux est celle-ci : pourquoi ce grand pays qu’est le Mali, avec ses quinze millions d’habitants, a-t-il eu besoin de 5000 soldats français pour chasser de ses villes du Nord des terroristes sanguinaires ? Chaque président français marque son passage à l’Elysée par une ou plusieurs opérations militaires en Afrique subsaharienne : VGE à Kolwezi et à Bangui, Mitterrand au Tchad et au Rwanda, Chirac en Cote d’Ivoire, de même que Nicolas Sarkozy à Abidjan, désormais Hollande au Mali. Sans doute, au cas par cas, ne peut-on pas faire autrement que d’intervenir en ce genre de circonstance. Mais la répétition de décennie en décennie de ce type d’intervention n’en soulève pas moins des interrogations de fond : jusqu’à quand la France sera-t-elle amenée à jouer le rôle de gendarme de l’Afrique francophone, 50 ans après lui avoir accordé l’indépendance ? Quand les Etats d’Afrique francophone parviendront-ils s’organiser pour conquérir leur indépendance réelle, c’est-à-dire assurer leur défense, leur sécurité et au-delà, leur développement économique et social ? Au-delà de l’événement médiatique, c’est la question fondamentale, le grand enjeu de l’avenir.

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