TOUT EST DIT

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vendredi 22 février 2013

L’effet papillon


Il y a plus d’un an, la Roumanie a interdit la voiture à cheval sur les routes. Les bêtes, devenant inutiles, ont été abattues en nombre et vendues aux traders de la viande. Petite cause, grands effets : les lasagnes “pur boeuf mi-cheval” ont envahi les assiettes européennes.
Le consommateur grugé prend peur. Trois ministres montent au front (Agriculture, Consommation, Agroalimentaire). D’abord, le système d’alerte sanitaire est très performant en Europe. Au ministère de l’Agriculture, deux ordinateurs recensent au quotidien les alertes vétérinaires dans les vingt-sept États membres. La traçabilité de la viande congelée, d’origine roumaine, a vite été établie. Un trader néerlandais, un autre chypriote, avant d’arriver à Castelnaudary dans l’entreprise Spanghero. Sur les factures, le code douanier précisait qu’il s’agissait bien de viande de cheval, laquelle repartait étiquetée “viande de boeuf” vers l’entreprise Comigel qui cuisine les plats pour le compte de Findus et autres grandes marques.
Benoît Hamon dénonce la « suspicion » de « tromperie » chez Spanghero, d’où une suspension d’agrément sanitaire pour huit jours. C’est l’arrêt forcé de l’entreprise. Le patron plaide qu’il ne connaissait pas le code douanier mais reconnaît quelques anomalies. Le problème devient politique : Spanghero est le premier employeur de la ville, elle-même dirigée par… un maire socialiste, Patrick Maugard, très en colère. Attention danger, les municipales sont dans un an. Le patron accuse Hamon de légèreté et fait planer le spectre de la fermeture. Aux juges d’arbitrer entre une sanction méritée et l’intérêt des travailleurs qui redoutent de se retrouver au chômage.
Il n’y aurait pas de risque sanitaire, très bien. On s’interroge quand même. Proposer aux consommateurs des lasagnes farcies avec du “minerai”, un mélange de déchets de muscle, de graisse et de collagène qu’on ose appeler “viande”, bon appétit ! Il y a quarante ans, ces produits-là étaient brûlés. On en a fait ensuite des pâtés pour les chiens. Aujourd’hui, ils sont sur la table. Les Français dépensant de moins en moins pour se nourrir, il se crée donc une alimentation à deux vitesses : une pour les riches, une pour les pauvres. Une lasagne vendue à 1,40 euro ne peut être fabriquée avec des produits de premier choix. Révoltant, penserez-vous. S’il est prouvé que ces lasagnes sont propres à la consommation, elles ont déjà trouvé preneurs, aux Restos du coeur et au Secours populaire. Pour eux, une aubaine !
« Il y aura un avant et un après lasagnes au cheval », annonce fièrement Guillaume Garot, le ministre de l’Agroalimentaire. Il promet que la législation sera modifiée au niveau européen pour que figure sur l’étiquette des plats préparés leur origine géographique. Chouette ! Hélas, ça ne changera pas la farce !

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