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dimanche 17 février 2013

Benoît XVI et la grandeur d’une démission

Benoît XVI et la grandeur d’une démission


J’ai toujours pensé que la démission était la marque infaillible de l’homme d’Etat, du grand homme. Elle exprime une certaine conception de la responsabilité publique, ou spirituelle dans le cas du Pape, fondée sur la supériorité de l’engagement au service du bien commun sur l’intérêt personnel, la satisfaction individuelle liée à l’exercice du pouvoir et à la jouissance due  aux attributs de celui-ci. Le message est limpide. Pour telle ou telle raison, je ne suis plus en mesure de remplir ma fonction dans les conditions prévues, ma tâche est achevée, ma présence au sommet de l’institution a plus d’inconvénient que d’avantage. Dès lors je me retire, dans l’intérêt général. Les grandes démissions volontaires de l’histoire ne sont pas si nombreuses : le général de Gaulle en janvier 1946, puis le 20 avril 1969, Margareth Thatcher en 1990. Dans des temps beaucoup plus lointains, nous eûmes les démissions des présidents Casimir-Périer, s’estimant dans l’incapacité d’exercer ses fonctions, ou d’Alexandre Millerand, un immense chef d’Etat méconnu de l’histoire de France. J’aime la noblesse qui s’attache au geste de la démission, même à la petite échelle de la vie politique quotidienne : Michel Rocard en 1984, Jean-Pierre Chevènement, à trois reprises, comme ministre, ou Philippe Séguin, de la présidence du RPR en 1998. Un véritable homme d’Etat devrait être prêt à remettre sa démission à tout moment en cas de constat d’échec ou d’impuissance à régler les problèmes. Aujourd’hui, sauf contrainte et forcée, la démission est inconcevable. Les responsables publics s’accrochent à leur poste comme des coquilles d’huitre à leur rocher, puisque justement, ils le considèrent comme une récompense d’un parcours personnel avant d’être un engagement au service de l’intérêt public. D’où la sclérose de notre vie politique : plus rien ne bouge, et, de décennie en décennie la France s’enfonce dans l’immobilisme, un échec politique, économique, financier, qui ne cesse de s’amplifier. Et franchement, dans la classe politique actuelle, d’un bout à l’autre de l’échiquier politique, je n’en vois pas un seul auquel je puisse prêter en imagination, suite à un doute ou un échec, la grandeur du geste de démissionner. Puisse Benoît XVI servir d’exemple, et la Providence, comme disait Giscard d’Estaing lors de son message d’Adieu en mai 1981, « veiller sur la France » et susciter à son service, au service de la France, de véritables vocations.

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