TOUT EST DIT

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vendredi 1 février 2013

Amalgames déplacés

Amalgames déplacés


Nous assistons une fois de plus à une flambée d’invectives et d’amalgames en rapport avec l’histoire des années 1940, cette fois non pas au sujet de l’immigration, mais du débat sur le mariage : « Hitler, antisémitisme, étoile rose… » Cette exploitation à tout propos des heures les plus sombres de l’histoire, à des fins d’idéologie, de diabolisation de l’adversaire politique, voire tout simplement d’insulte, me semble bien être une spécialité française. Le meilleur moyen de se prémunir de cette tentation  est tout simplement de se renseigner sur ce qui s’est passé à cette époque.  L’été dernier, par exemple, j’ai lu un livre exceptionnel que je recommande à tout le monde, celui d’un médecin français récemment décédé, Roger Perelman qui a vécu à 20 ans l’épouvante de l’antisémitisme, de la déportation et des camps de la mort  : Une vie de juif sans importance – Robert Laffont, 2008 : « Dans Auschwitz : peu après notre entrée dans le camp, nous nous sommes entièrement déshabillés, abandonnant montres, bijoux […] Nous sommes aussitôt ressorti de cette sorte de vestiaire, et nous sommes restés dehors, complètement nus, plusieurs heures durant dans la nuit déjà très froide de Pologne. Le jour venait de se lever quand nous sommes allés prendre une douche, suivie du rasage complet de toute notre pilosité. C’est alors que les coiffeurs nous ont appris ce qui c’était passé, ce qui nous attendait : que les hommes ayant pris l’autre file avaient été gazés à Birkenau, puis brûlés dans des fours, probablement le jour même ; que la plupart des femmes et des enfants avaient eu le même sort ; que la quasi-totalité d’entre nous, si elle ne mourrait pas d’une autre façon, n’échapperait pas à ce destin cas il est rare de survivre […] L’épuisement physique extrême, la faim obsédante et obsessionnelle, la peur permanente des SS et des kapos, annihilaient tout ce qui fait un être humain : la vie intellectuelle, psychique, relationnelle. »  Il faudrait que les spécialistes de la récupération politicienne ou médiatique  du nazisme puissent avoir la bonne idée, ne serait-ce qu’une fois dans leur vie, de se plonger dans ce témoignage ou tout autre de la même portée. C’est inévitable, ils perdraient à tout jamais la tentation d’exploiter la déportation et les camps de la mort à des fins idéologiques ou d’injure. Les politiques de tout bord et les personnalités médiatiques devraient avoir la maturité, l’honnêteté intellectuelle, la décence par rapport aux victimes de sanctuariser et de protéger de la polémique tout ce qui touche à ce drame, peut-être le moment le plus terrible de l’histoire de l’humanité, et de cesser d’en faire un usage quotidien et passionnel, avec le danger insoutenable, à long terme, de la banalisation.

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