TOUT EST DIT

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vendredi 1 février 2013

Paris-Berlin : panne de réseau

Paris-Berlin : panne de réseau
La France et l’Allemagne ont célébré à Berlin les cinquante ans de leur réconciliation. Les députés français ont été reçus au Bundestag. De retour à Paris, beaucoup d’entre eux avouent avoir mesuré le fossé qui sépare nos deux pays. Le rapport entre les économies est devenu trop inégal. La France décline, l’Allemagne est la locomotive de l’Europe avec son industrie florissante, son plein emploi, ses excédents. De quoi éprouver, du côté français, comme un complexe d’infériorité et un peu d’agacement : longtemps, la France était le premier pays agricole européen. Depuis la réunification, l’Allemagne est passée devant. Nous importons du lait parce qu’il est produit à moindre coût dans ses fermes de l’Est, à petits salaires (inférieurs au smic) et sur d’immenses surfaces.
Côté allemand, on s’est montré fort amical mais avec un zeste de condescendance dans les discours, sur le thème : “En 2000, nous étions les malades de l’Europe, vous nous avez aidés. On est prêts à vous aider aujourd’hui.” Traduction : c’est à votre tour d’engager les réformes que nous avons eu le courage de faire.
Et le couple franco-allemand ? Après cinquante années de mariage, il n’est pas dans une dynamique de départ, forcément. Il n’y a pas d’hostilité entre Hollande et Merkel. C’est peut-être pire : la relation est dépourvue de substance. Ils ne se comprennent pas. Depuis huit mois, ils n’ont eu aucun long tête-à-tête. François Hollande les refusait par souci de se distinguer de Nicolas Sarkozy, qui oeuvrait en tandem avec la chancelière. La crise bancaire, en 2008, et la crise de l’euro, en 2009, les ont obligés à travailler de concert.
« Le courant passe entre nous sans qu’il y ait besoin de mettre de l’électricité », a expliqué François Hollande. Résultat : une panne dans le réseau. Les nouvelles résolutions du tandem prises à Berlin se distinguent par leur manque d’imagination. La chancelière a proposé à François Hollande de le tutoyer, preuve qu’elle souhaite que leur relation s’améliore. Elle a qualifié de « premier succès » l’accord intervenu en France sur le marché du travail, façon de l’encourager à aller plus loin. Seules la compétitivité et l’innovation permettront à l’Europe, selon elle, de conserver son modèle social et d’accélérer la croissance. Pierre Moscovici a demandé à l’Allemagne d’utiliser ses excédents pour soutenir la demande intérieure et la croissance. Écoutez les différences…
La chancelière, qui est en campagne électorale, soupçonne toujours François Hollande de souhaiter son échec. Il en avait émis le voeu devant ses amis du SPD durant la campagne présidentielle. Ce qui veut dire que, d’ici les législatives de septembre outre-Rhin, rien d’important ne se passera dans le couple franco-allemand.

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