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samedi 26 janvier 2013

Superstar à Davos, Christine Lagarde pourrait-elle être l'espoir de la droite ?


Comme DSK en son temps, la nouvelle patronne du FMI, Christine Lagarde, a été accueillie comme une star au forum de Davos par l'élite financière mondiale. Peut-elle, néanmoins, représenter un recours en 2017 pour une droite en panne de leader ?

Christine Lagarde a été accueillie comme une star au forum de Davos. Officiellement, la directrice du Fonds monétaire international (FMI) depuis juin 2011, se tient éloignée de la politique. Peut-elle, néanmoins, représenter un recours en 2017 pour une droite en panne de leader ?

Josée Pochat : Ce n'est pas un scénario qui me paraît crédible. Christine Lagarde, qui est très aimée des médias internationaux car elle parle très bien anglais, a une stature internationale, mais pas de stature nationale. Certes, elle a été la première femme à diriger Bercy. Mais, elle vient du secteur privé et a une image de "grande bourgeoise". Lorsqu'elle est arrivée à Bercy, alors que l'essence était en forte hausse, elle avait suggéré aux Français de "faire de la bicyclette". Elle avait alors été comparée à Marie-Antoinette lorsqu'elle avait dit aux parisiens  : " Il n'y a plus de pain, vous n'avez qu' à manger de la brioche ! " Par ailleurs, elle n'a pas de véritable ancrage local ce qui est toujours un handicap en politique. Elle n'a jamais été élue ailleurs que dans le Xe arrondissement de Paris. Enfin, ce n'est pas une femme d'appareil. Elle n'est pas impliquée dans la vie interne de l'UMP et n'a ni courant, ni réseau structuré autour d'elle. C'est tout de même un peu court comme CV pour prétendre à un destin national. 
Christian Delporte : Pour incarner un recours, il lui faudrait profiter d’un contexte exceptionnel. D’abord un effondrement économique de la France qui valoriserait son expertise et la présenterait comme la femme providentielle. Nous n’en sommes pas là. Ensuite un puissant élan à droite qui, en l’absence de tout leadership à un ou deux ans de la présidentielle, la porterait à une candidature. Compte tenu des ambitions des uns et des autres, on imagine mal Copé, Fillon, Borloo (la liste n’est pas exhaustive) dérouler le tapis rouge à Christine Lagarde. Et puis, le recours "naturel" à l’UMP a déjà un nom : il s’appelle Nicolas Sarkozy. Surtout, peut-être, le handicap de Christine Lagarde est son inexpérience politique. Pour gagner une élection présidentielle, il faut savoir faire campagne, connaître le terrain (elle n’a jamais conquis de mandat électif), entraîner les militants, mouiller sa chemise. C’est rude, il faut savoir rendre coup pour coup et cela s’apprend au fil des années. Rien n’est jamais acquis d’avance. A des degrés divers, les populaires Barre, Rocard ou Delors l’ont compris à leurs dépens. L’ex-avocate d’affaire, devenue ministre de l’Economie avant de rejoindre la tête du FMI a d’abord une image de technicienne : un avantage qui peut se retourner à l’heure d’une éventuelle bataille politique. La technicienne reconnue peut vite devenir, aux yeux de l’opinion, travaillée par ses adversaires, la "technocrate du FMI".

En novembre 2012, Christine Lagarde était la personnalité politique préférée des Français  dans le baromètre mensuel IFOP. Dominique Strauss-Kahn avait, lui aussi, vu sa cote de popularité s’envoler après son arrivée au FMI. La situation de Christine Lagarde est-elle comparable ? Sa stature internationale lui confère-t-elle un réel avantage ?

Josée Pochat : Les Français sont toujours fiers d'avoir un responsable politique qui a un poste international prestigieux. En politique, les absents n'ont pas toujours tort. Cela lui donne une bonne cote dans les sondages en terme de popularité. Toutefois, je crois que c'est aussi une illusion d'optique. Les sondages ne font pas les bulletins dans l'urne au moment d'une élection, notamment auprès des militants. Christine Lagarde n'est pas là pour se battre au quotidien auprès des Français. Je pense que ça risque de peser dans la balance lors de son éventuel retour.
Christian Delporte : Superficiellement, les deux situations se ressemblent. Les Français aiment les personnalités de leur pays qui brillent sur le plan international et y sont reconnus pour leurs compétences. L’éloignement de la lutte politique quotidienne protège Christine Lagarde comme elle a épargné Dominique Strauss-Kahn, en son temps. Reste que dès qu’on entre dans l’arène, on perd vite des plumes… Cependant le parallèle s’arrête là. DSK, avant d’être nommé au FMI, était considéré comme un remarquable économiste mais aussi comme un fin politique. Il avait une expérience de parlementaire et s’était porté candidat, en 2006, à la primaire socialiste. Surtout, il avait des relais connus et influents au sein du PS qui pouvaient lui "chauffer la place", des militants fidèles et actifs qui entretenaient la flamme, tandis qu’il présidait le FMI. A l’inverse : Christine Lagarde, combien de divisions ? Il y avait des strauss-kahniens, il n’y a pas de lagardiens, ou alors ils sont très discrets ! Et puis, ne confondons pas la « popularité » mesurée dans les sondages et la capacité à mobiliser et le parti (incontournable) et l’électorat. Sinon, les derniers présidents de la République auraient pu s’appeler Jack Lang ou Bernard Kouchner ! Christine Lagarde a certes acquis une stature internationale (8e femme la plus puissante du monde en 2012, selon Forbes), mais ce ne sont ni les médias étrangers ni les chefs d’Etat du monde occidental dominant qui élisent le président de la République en France.

Sur le plan idéologique, dans quel courant pourrait-elle s’inscrire ? Peut-elle incarner l’aile libérale de l’UMP ?

Josée Pochat : Il est difficile d'inscrire Christine Lagarde dans un courant idéologique précis. On l'a connue à Bercy au moment de l'"hyper-présidence" de Nicolas Sarkozy. A l'époque, la politique économique se décidait à l'Elysée. Par définition, Christine Lagarde appliquait la politique économique de Nicolas Sarkozy. Elle n'a pas été assez présente sur la scène nationale pour qu'on puisse dire Christine Lagarde est une "libérale" ou une "gaulliste sociale". Pour l'instant, la patronne du FMI n'a pas de vraie consistance politique sur le plan national.
Christian Delporte : Quand elle est arrivée au FMI, en 2011, Christine Lagarde a annoncé vouloir défendre un "libéralisme tempéré", entendons un libéralisme encadré par des règles. Au plus fort de la crise, elle a recommandé de "ne pas tuer la croissance" par une politique trop centrée sur la réduction de la dette. Cependant, ses déclarations à l’emporte-pièce sur la Grèce et l’encouragement du FMI à une privatisation à tout crin dans les pays sous tutelle ont brouillé l’image du "libéralisme tempéré" appelé de ses vœux. Au fond, la politique qu’elle conduit au FMI ne se distingue pas par son originalité. Dans ce cas, que peut-elle apporter de neuf à l’aile libérale de l’UMP ? La question fondamentale n’est pas de savoir qui peut l’incarner, mais quelles réponses apporte l’aile libérale au problème, angoissant pour l’opinion, de la mondialisation économique et de ses effets sociaux.

Xavier Giocanti, son compagnon, a déposé plusieurs noms de domaines sur Internet, du type "ChristineLagarde2017"! N'est-ce pas, malgré tout, révélateur de l'ambition national de l'ancienne ministre des Finances ?

Josée Pochat : Xavier Giocanti a peut-être des ambitions pour sa compagne. C'est une très jolie attention. Je crois qu'il s'agit d'un jeune couple très amoureux. Mais honnêtement, je ne suis pas capable de répondre. La réponse appartient à Christine Lagarde.

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