TOUT EST DIT

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jeudi 31 janvier 2013

Maladresse et caricature

Maladresse et caricature


Alors que l'automobile, le bâtiment ou l'artisanat broient du noir, le mariage pour tous et son cortège d'interrogations vont-ils devenir l'alpha et l'omega de la politique française ? Au risque de lasser, il faut pourtant y revenir, en raison du vacarme provoqué par cette circulaire Taubira, maladroite mais caricaturée, concernant les enfants nés de mère porteuse.
Cette circulaire vise à permettre à des enfants de père français, nés par gestation pour autrui (GPA), d'obtenir un certificat de nationalité française. Il s'agit d'une disposition strictement administrative, puisqu'il suffit en droit qu'un parent soit français pour que l'enfant bénéficie de cette nationalité. Une quarantaine de ces sans-papiers de l'intérieur seraient concernés par ce vide administratif, quelques centaines assurent les associations homoparentales.
Il n'y aurait donc pas tout ce tohu-bohu parlementaire, ces demandes de démission et de renvoi du débat sur le mariage pour tous, ces menaces de saisine du Conseil d'État, si gouverner n'était qu'affaire de raison. Seulement, la politique est souvent une question de mots et de moment.
Depuis le début du débat sur le mariage pour tous, la droite suspecte la gauche d'avancer masquée, ou lui en fait le procès d'intention, pour mieux combattre le projet. Gênée par un texte qui remue chez certains plus de passion que de réflexion, et divise jusque dans ses rangs, une partie de l'UMP verse dans l'instrumentalisation.
Les mots qui braquent
L'opposition a raison d'exiger des garde-fous pour que la logique égalitaire qui guide le projet ne vienne pas donner des droits en dépit des lois de la nature. Elle fait justement valoir que le droit, sauf à ouvrir la boîte de Pandore, ne peut pas avoir pour objectif d'avaliser des pratiques interdites en France. Mais elle a tort d'attribuer à François Hollande et à Jean-Marc Ayrault une intention qu'ils n'ont pas vis-à-vis de la GPA, interdite par loi et condamnée par la Cour de cassation.
Dans un moment et sur un sujet si sensibles, il faut surtout éviter les mots qui braquent et les décisions qui semblent trahir une bonne foi apparente. La révélation de cette circulaire, dont la ministre aurait dû expliquer les tenants et aboutissants, allait naturellement offrir un angle d'attaque à la droite, au premier jour d'un débat aussi emblématique.
Le PS et les Verts, eux-mêmes, ont offert des verges pour se faire battre par l'opposition, en réclamant l'inscription - finalement repoussée - d'un article étendant la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes. La ministre des Droits de la femme, Najat Vallaud-Belkacem, n'avait-elle pas en outre, dans des tribunes datant de 2010, milité pour une gestation pour autrui, fut-elle encadrée ?
Pour Jean-François Copé, reparti en campagne pour la présidence de l'UMP, l'occasion était trop belle d'y voir un aveu, une incitation, et d'essayer de ressouder ses troupes autour de considérations morales et radicales, même si elles sont hors sujet dans le débat en cours.
Vieux routier de la politique, Monsieur Copé use et parfois abuse d'une règle que Madame Taubira maîtrise encore mal : le message associé à un mot ou à un geste compte autant que le mot ou le geste eux-mêmes.


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