TOUT EST DIT

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jeudi 3 janvier 2013

Les vœux express de François Hollande : Parlons d’autre chose !

Les vœux express de François Hollande : Parlons d’autre chose !


« Dire le plus avec le moins de mots possibles » recommandait Mme de Sévigné, dont j’avoue n’avoir pas toujours le temps de suivre le judicieux conseil. En revanche lundi soir, pour ses premiers vœux de président de la République, François Hollande semble l’avoir appliqué à la lettre. Huit minutes : le chef de l’Etat a fait court. Comme s’il avait hâte de se débarrasser d’une corvée, que sa dégringolade dans les sondages et l’incompétence de son gouvernement souligné 48 heures auparavant par le Conseil constitutionnel rendait particulièrement pénible… Avec la mine congelée d’un ordonnateur des Pompes funèbres, le Président dévalué s’est donc employé à solenniser au maximum ce bref moment, s’efforçant, comme disait l’un de ses prédécesseurs, de fixer de son regard figé les Français aux fonds des yeux.  « Je n’ignore rien de vos inquiétudes », les a-t-il assurés. « Je n’entends pas vous dissimuler les difficultés qui vous attendent, elles sont sérieuses. » On s’en était déjà rendu compte. Mais pas de découragement : haut les cœurs ! L’hyper Président a réaffirmé son objectif numéro un : « Inverser la courbe du chômage d’ici un an (…). Nous devons y parvenir coûte que coûte (…). Le cap est fixé : désendettement, compétitivité, maîtrise de la finance . (…) Ce cap sera tenu contre vents et marées. Je n’en dévierai pas. » Le cap est fixé, mais comment le tenir ? L’ex-capitaine de pédalo n’en a soufflé mot. Pour l’instant le seul cap vers lequel nous sommes sûrs que nous nousdirigeons, avec du vent plein les voiles, c’est celuides tempêtes.

Les mécomptes constitutionnels de sa taxation à 75 % ? François Hollande est demeuré dans le flou, ce costume de brume et de brouillard dont il aime tant s’envelopper. « La contribution exceptionnelle sur les plus hauts revenus sera réaménagée sans changer son objectif. » Celui-ci, d’un échec l’autre, demeure le même : faire payer les riches. Mais la route des 75 % étant momentanément coupée, le chef de l’Etat ne nous a pas dit comment il comptait contourner l’obstacle. Sans doute ne le sait-il pas vraiment lui-même. « 2012 est l’année où nous avons engagé le redressement. 2013 doit être celle de la mobilisation. » En démobilisant fiscalement les Français les plus entreprenants ?

Bref : lundi soir François Hollande s’est acquitté laborieusement et avec ennui d’un exercice que les circonstances rendaient pour lui difficile, se contentant d’enfiler, comme autant de perles d’un collier de pacotille, généralités et phrases convenues. Avec le mariage gai pour horizon indépassable de son quinquennat ! Les ratages de son gouvernement ? « Simples soubressauts et contretemps. » Glissez mortels…

Remaniement en perspective ?

En début de semaine dernière les médias spéculaient à qui mieux mieux sur un éventuel et prochain remaniement ministériel. Au bout de sept mois d’existence et après avoir accumulé quasiment à la chaîne gaffes et couacs le gouvernement de Jean-Marc Ayrault se trouve en effet dans un tel état de délabrement, qu’une réfection, même partielle, paraît nécessaire. Mais huit jours plus tard, tant pis si les troupes sont déglinguées, on nous assure qu’il n’est plus question de remaniement. Tout dépendra en fait des circonstances. Pierre Moscovici ne parvenant pas à s’imposer dans sa fonction de ministre de l’Economie et des Finances (et accessoirement du Commerce extérieur) l’Elysée souhaiterait le « promouvoir » à la présidence de l’Eurogroupe dont l’élection aura lieu à la fin de ce mois, à Bruxelles. Dans cette perspective, Moscovici serait sans doute remplacé à Bercy par le solide et expérimenté Michel Sapin. Ce qui permettrait peut-être de faire rentrer Ségolène Royal dans le gouvernement, pour la nommer, si toutefois Mme Trierweiler y consent, au ministère du Travail et de l’emploi, à la place de Sapin. Cela créerait un petit effet médiatique susceptible de faire diversion, du moins pendant quelques jours. Cela ferait aussi la joie des chroniqueurs, Mme Royal étant un peu comme Les Galeries Lafayette (rayons bricolage ou frivolités, c’est selon) : avec elle il se passe toujours quelque chose.

Fin janvier, si ce n’est Pierre Moscovici – son élection à l’Eurogroupe n’est pas assurée, les Allemands émettant beaucoup de réserves à son sujet – le départ involontaire d’un autre ministre, en l’occurrence Jérôme Cahuzac, pourrait bien être le déclencheur de ce mini remaniement. Avec Cahuzac, le gouvernement perdrait certes son meilleur orateur dans l’hémicycle parlementaire et le maître d’œuvre, sans état d’âme, du tournant de la rigueur budgétaire. Mais si son affaire de compte en Suisse, qui n’est encore, pour le moment, qu’une accusation médiatique, venait à s’étayer, le président de la République et son premier ministre devraient se séparer, même à contre cœur, de leur ministre du Budget. Un remue ménage qui serait alors sans doute propice aux départs anticipés de plusieurs sous-ministres par trop évanescents, sous couvert, pour l’Elysée et Matignon, d’un nécessaire « resserrement ministériel ».

Comment se débarrasser des trublions sans fâcher personne ?

Jean-Marc Ayrault souhaiterait vivement, on le sait, se débarrasser de trois de ses « collaborateurs ». Les trublions Montebourg, Paillon et Duflot. Le premier a en quelque sorte publiquement tancé le Premier ministre, à l’issue des négociations avec Mittal, sur le thème : « Ce n’est pas comme ça qu’il aurait dû s’y prendre. » Avant de se faire, dans un quotidien du soir, et toujours en opposition frontale avec les déclarations du chef du gouvernement, le chantre des nationalisations, dans lesquelles le ministre du Redressement productif voit une « solution d’avenir ». Court, camarade, le Front populaire est devant toi !

Ejecter Montebourg ? Une tentation également partagée à l’Elysée. Mais le ministre du Redressement productif, malgré de piètres résultats – la production industrielle en France, selon les statistiques de l’Insee, a baissé de 0,7 % en octobre, après une chute de 2,7 % en septembre – a su rebondir dans les sondages, en se servant de Florange comme d’un trampoline. En politique, on ne le sait que trop, la démagogie paie souvent. Pas possible donc, en cette période de vaches maigres, de jeter par-dessus bord un des rares ministres dont la côte de popularité grimpe dans les sondages.

Gaffeur invétéré, le fumeux Vincent Peillon avait, à peine installé rue de Grenelle, annoncé avant Matignon la fin de la semaine de quatre jours à l’Ecole (aucun sens de la hiérarchie) et plaidé pour un débat sur la dépénalisation du cannabis. Aujourd’hui, l’imprévisible Peillon parle d’augmenter le traitement des profs… Sans que cette augmentation, qui ne sera certes pas seulement de 3 centimes de l’heure comme le SMIG, ait été discutée par le gouvernement. Mais changer si rapidement de ministre de l’Education risquerait d’augmenter la mauvaise humeur des enseignants, fer de lance de l’électorat socialiste. Pas touche donc au ministre du pétard : trop inflammable!

Quand à Duflot, malgré Notre-Dame des Landes et ses frasques d’adolescente en blue-jeans, Ayrault, bon gré mal gré la conservera dans son équipe de bras cassés tant qu’Hollande n’aura pas décidé de se séparer des écolos, le jour où ceux-ci franchiront irrémédiablement la ligne verte. Même si les socialistes, majoritaires à l’Assemblée, peuvent très bien se séparer sans dommage des écolos, une telle rupture briserait néanmoins l’image, même fictive, du semblant d’unité de la gauche au pouvoir. Jospin avait gouverné (difficilement) avec une gauche plurielle. Hollande lui doit se débrouiller, d’une manière bien plus scabreuse, avec un gouvernement pluriel. D’où la cacophonie au sommet de l’Etat.

Remaniement ou pas, Jean-Marc Ayrault, bon gré mal gré,devra donc garder les trois trublions et boire jusqu’à la lie les coupes déjà bien pleines que ces derniers, réveillon de fin d’année ou pas, continueront joyeusement de faire déborder. A votre santé M. le Premier ministre… Et bonne année quand même !

Donc si remaniement il y a, ce mois-ci ou le mois suivant, celui-ci s’effectuera sous la force de deux événements. L’un, maîtrisé et à demi voulu par le gouvernement (Moscovici élu à la présidence de l’Eurogroupe). L’autre subi (l’éviction de Cahuzac) pour cause de compte en Suisse. Les dirigeants socialistes « n’aiment pas l’argent » sauf quand il s’agit du leur… En attendant cet éventuel replâtrage de fortune, le gouvernement de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault continuera de cheminer clopin-clopant, vers un cap lointain, (inaccessible disent certains) dont il cherche la direction incertaine avec une boussole en train de s’affoler…

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