TOUT EST DIT

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samedi 19 janvier 2013

La liberté religieuse testée sur le terrain

La liberté religieuse testée sur le terrain


puce_carreCoïncidence, fortuite ou bien voulue : d’une part l’énergique protestation de Mgr Dominique Mamberti, chargé par le Pape des relations du Saint-Siège avec les Etats ; d’autre part le 15 janvier, les décisions publiées à Strasbourg par la Cour européenne des droits de l’homme, analysées dans Présent d’hier par Jeanne Smits.
La Cour européenne pose le principe et donne l’exemple d’une limitation politique et judiciaire imposée à la liberté religieuse.
Mgr Mamberti lance au contraire un appel à « préserver la liberté religieuse dans sa dimension collective et sociale ».
puce_carreDans ses décisions, la Cour européenne formule ce principe :
« Lorsque la pratique religieuse d’un individu empiète sur les droits d’autrui, elle peut faire l’objet de restrictions. »
Ah oui ?
Alors pourquoi pas l’inverse :
« Lorsque les droits d’un individu empiètent sur la pratique religieuse d’autrui, ces droits peuvent faire l’objet de restrictions. »
Toute la question est là : lorsque le droit de l’Etat contredit le droit de l’Eglise, lequel doit l’emporter ?
Le droit de l’Etat, bien sûr, dans les régimes démocratiques, qui rejettent les religions dans le domaine de la vie privée, ou bien qui, au mieux, n’admettent les religions dans le domaine public qu’au titre d’associations comme les autres, pas plus.
puce_carreTelle qu’elle est énoncée d’ordinaire la « liberté religieuse » n’y peut rien : elle reconnaît avoir pour limite ce qui porterait atteinte à l’ordre public. Or l’ordre public, et l’étendue de ses droits, sont définis par les pouvoirs publics. Dans les démocraties modernes, ce sont les pouvoirs publics, et non l’Eglise, qui définissent les droits de l’homme au nom de la supposée « volonté générale ». C’est ainsi que les droits de l’homme sans Dieu ont établi une autonomie de la personne humaine qui ne reconnaît aucune autorité, aucune loi, aucune valeur qui lui serait supérieure. On n’a pas voulu le comprendre. On se trouve maintenant en face d’une liste des droits de l’homme qui ajoute à l’avortement, peu à peu, la lutte contre toute discrimination, le pseudo-mariage homosexuel, l’ordination des femmes. Les vœux religieux (obéissance, pauvreté, chasteté) sont absolument contraires aux droits de l’homme sans Dieu, on le savait pourtant depuis la Révolution française, on l’avait oublié, on va de nouveau en entendre parler. Liberté religieuse, oui, sauf pour ce qui serait contraire à l’ordre public démocratique, qui est envahissant et totalitaire.
Il apparait ainsi que la liberté religieuse conçue comme un droit de la personne humaine n’est pas un fondement suffisant face au totalitarisme démocratique. Elle suffit sans doute, mais uniquement faute de mieux, pour « les » religions en général. Pour l’Eglise catholique, cette liberté religieuse de la personne humaine n’est pas le principe premier et fondamental de sa liberté, celle-ci est une conséquence.
puce_carreCe qui met l’Eglise catholique au-dessus de toute prétention abusive de l’ordre public, c’est qu’elle a été fondée par Dieu et qu’elle a reçu de Dieu sa mission. C’est ce qui constitue la singularité et la force de la liberté souveraine qui est la sienne chaque fois qu’elle parle et qu’elle agit au nom de Dieu.
— Cela pouvait être efficace au temps de la Chrétienté. Aujourd’hui les classes dirigeantes, les hommes d’Etat, les télévisions ne croient guère en Dieu, certainement pas en Jésus-Christ, et n’entendraient point un tel langage.
— Peu importe, car d’avance on n’en sait rien. A chacun son rôle et sa responsabilité. L’Eglise catholique est libre quand elle annonce la parole de Dieu et qu’elle propose les sacrements du Christ, sous Néron comme sous Constantin, face à Attila comme face à Clovis. A ceux-ci de ne pas se tromper.
JEAN MADIRAN

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