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samedi 24 novembre 2012

Sommet sur la crise : un nouvel échec de l’Europe

Sommet sur la crise : un nouvel échec de l’Europe


Ouvert avec retard jeudi soir, le sommet européen sur le budget 2014-2020 a été presque immédiatement suspendu, faute pour les participants de pouvoir s’entendre. En espérant que le report, jusqu’à vendredi midi, de leurs réflexions permettrait à une nouvelle proposition de compromis du président du Conseil européen Herman Van Rompuy de faire – la fatigue aidant ? – son chemin dans les esprits.
« Je pense que nous avancerons un peu, mais je doute que nous parvenions à un accord », a déclaré Angela Merkel, sur ce point – et c’est bien le seul, la question de la PAC, notamment, les opposant irréductiblement – d’accord avec François Hollande : « Il est probable qu’il n’y aura pas d’accord à ce sommet. » Pas de position commune entre Paris et Berlin, mais cependant une « approche commune ». Qui est-ce censé rassurer ? Et Hollande ajoute : « On n’est pas dans le sommet de la dernière chance. » Ouf ?
On se demande bien à quoi ont pu servir tous ces apartés des chefs d’Etat et de gouvernement avec Herman Van Rompuy…
David Cameron ne se pose plus la question ; il fulmine ! « Les chiffres qui nous sont soumis sont similaires à ceux que nous avions ce matin avant toutes ces réunions bilatérales », commente-t-on, furieux, dans son entourage.
Mais la Grande-Bretagne entend bien ne pas perdre ce bras de fer. Elle l’instaure, au contraire, sur tous les fronts. Ce même jeudi, le ministre britannique de la Justice, Chris Grayling, a ainsi déclaré aux députés que l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme contre la loi d’interdiction faite aux prisonniers de voter était sans valeur. « En dernier ressort ce Parlement est souverain, ce Parlement peut décider si, oui ou non, il accepte un jugement de la Cour européenne, quel qu’il soit », a-t-il lancé.
Trancher… chez le voisin
En pratique donc, tout le monde est d’accord pour trancher dans les aides européennes, afin d’aider Bruxelles à s’en sortir. Mais à condition que les coups de ciseaux tranchent chez le voisin.
Pour Angela Merkel, c’est clair : « L’Allemagne va regarder ses propres intérêts. » Malheureusement pour nous, pour François Hollande, ça l’est beaucoup moins : « L’Europe, c’est un compromis. (…) C’est non pas la France que je viens défendre, c’est aussi une conception de la politique européenne et de la solidarité. »
Non seulement ce n’est pas clair, mais c’est même inquiétant. Combien d’ électeurs de François Hollande se satisferont de ce propos ?
Quoi qu’il en soit, contrairement à ce qu’il donne parfois l’impression de penser, le président n’est pas seul. Et le scepticisme était de mise avant la reprise, vendredi, des discussions. « J’ai l’impression qu’il sera très difficile de parvenir à un compromis équitable », a souligné le président du Parlement européen, le social-démocrate allemand Martin Schulz, qui menace, lui aussi, d’un veto parlementaire si le budget était présenté en l’état.
« C’est infaisable », résume, sous le couvert de l’anonymat, un haut responsable européen.
D’accord sur le désaccord
Puisque tout le monde semble être d’accord sur le point de n’être pas d’accord, le report, à moins d’une improbable entente de dernière minute, paraît vraisemblable. Et certains en semblent plutôt, voire ouvertement, satisfaits. « S’il n’y a pas d’accord, ce ne sera pas dramatique », a ainsi déclaré le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy.
On peut le comprendre. Un accord, dans la situation actuelle, provoquerait plus de difficultés encore dans les pays les plus affaiblis. Ce n’est pas parce que certains, au sein de salles de réunion feutrées, paraissent incapables d’en prendre conscience, que les responsables politiques nationaux peuvent se permettre de l’ignorer – n’est-ce pas, François ?
Ainsi, ce même jeudi, les étudiants portugais manifestaient-ils à Lisbonne contre l’austérité. Une austérité qui frappe aussi cruellement l’enseignement supérieur, au point de provoquer peut-être – certains y songent – une nouvelle fuite des cerveaux.
L’Europe ou la patrie
En définitive, et alors même qu’on ne cesse de nous annoncer une sortie de la crise dans laquelle nous nous enfermons depuis quatre ans, cet échec annoncé du sommet européen est le signe manifeste d’une crise plus fondamentale encore, d’une crise institutionnelle – alors même que l’Europe politique n’existe pas encore en tant que telle !
Les compromis que chacun est appelé à trouver désormais paraissent inacceptables au plus grand nombre. Cela se comprend non seulement parce que les Etats-membres de l’Union européenne sont aujourd’hui exsangues. Mais surtout parce que les compromis actuels consistent à remettre en cause ceux d’hier, péniblement mis en place depuis trente ans, et qui fondent – c’est là le point essentiel – la participation de chacun de ces Etats à l’Union européenne.
Or cette Europe ne peut plus survivre que, à l’inverse de Saturne, en dévorant ses géniteurs. C’est absolument clair : dès qu’un homme politique défend son pré carré, le tollé est général, qui dénonce les égoïsmes nationaux s’opposant à l’intérêt général. Mais chacun de ces pays arrive à l’heure ou son pré carré ne peut plus entrer dans le cadre européen…
Le problème est double : institutionnellement, chaque Etat peut opposer son veto, dernier vestige de sa souveraineté, à une décision européenne ; mais pratiquement l’Europe ne peut survivre à ce système de veto.
L’heure est donc critique – si même nos dirigeants en dissimulent la réalité derrière leur politique de compromis. Il faut manger, ou être mangé ; et on est loin, là, du prix Nobel remis à l’Union européenne.
En clair, il faut choisir entre céder aux exigences européennes en remisant son veto sur l’étagère des accessoires historiques, et alors nos pays, nos Etats, nos nations ne seront plus que des appellations sans consistance ; ou admettre que l’Europe, du moins celle qui s’est construite ces dernières décennies, n’est qu’un rêve impossible. 
Un beau rêve, pour ceux que cela consolera…
Mais il faut choisir ! 
Les cabris sont fatigués de sauter !

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