TOUT EST DIT

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mardi 13 novembre 2012

Malaises internes à l'hôpital

Malaises internes à l'hôpital 


Blocs opératoires fermés, opérations repoussées, médecins réquisitionnés en urgence... Un vent de fronde s'est levé, hier, dans les cliniques et hôpitaux de France et de Navarre. Il est assez mal aisé d'évaluer sa portée, sa durée, et ses effets réels, tant ce mouvement est à la fois hétéroclite dans sa composition et divers dans ses revendications. Mais il est suffisamment spectaculaire et original pour frapper les esprits : que se passe-t-il dans nos hôpitaux ?
Il y a d'abord un contexte politique. Entre la gauche au pouvoir et les médecins, c'est souvent le règne des malentendus, et des sous-entendus. Le gouvernement viserait au portefeuille les spécialistes du dépassement d'honoraire. La gauche rêverait de matraquer la médecine libérale et de « soviétiser » le système hospitalier. Marisol Touraine, la ministre de la Santé, serait la vilaine diablesse s'en prenant aux braves médecins.
Rien de tout cela n'est exact, mais sur les réseaux sociaux, comme c'est désormais la règle, les esprits se sont vite échauffés. Une cohorte de praticiens de diverses obédiences syndicales, souvent minoritaires, s'est lancée dans une grève annoncée comme illimitée. Le détonateur en est la négociation sur les honoraires. Les contestataires n'avalent pas la barrière du tarif excessif. Le gouvernement pourtant n'a fait que tenter d'endiguer ces dépassements qui conduisent certains patients à renoncer à des soins. Ce qui ruine petit à petit, la logique de la Sécurité sociale, enjeu primordial.
Le système doit évoluer
Sur cette grogne-là, s'en est greffée une seconde, celle des internes, ces bataillons de jeunes médecins, en fin d'études, qui font effectivement tourner les hôpitaux tout en se formant. Ils sont nos médecins de demain. Ils se plaignent du présent et craignent l'avenir. Ils ploient sous les astreintes, les temps de présence démentiels, les gardes de nuit, les heures de repos grignotées, avec la crainte permanente aux tripes de ne pas réaliser le bon diagnostic ou le bon geste... Ils se plaignent d'être exploités, mal payés, et jamais entendus.
L'avenir ? Ils ont peur de perdre la liberté d'installation, au nom de la lutte contre les déserts médicaux. Peur d'être encadrés par les Mutuelles. Peur de voir leurs futurs revenus rognés. Dans ce fourre-tout de revendications et de craintes fantasmées, malheureusement, on perd de vue la seule chose essentielle, la survie de l'assurance-maladie. Quoi de plus normal que le gouvernement veuille, par exemple, mettre son nez dans les dépassements d'honoraires de certains mandarins des hôpitaux publics, y exerçant une part d'activité privée, sans réel contrôle ?
La France jusqu'à présent, grâce à une lutte permanente contre le menaçant « trou de la Sécu », a sauvé l'essentiel. Son système médical demeure l'un des plus performants au monde. Mais il doit évoluer, ne serait-ce que sous la poussée de la démographie et le vieillissement de la population.
Le paradoxe serait que, malgré toutes les négociations passées et à venir, tous les acteurs du système en ressortent mécontents. Les patients moins bien remboursés. Les médecins moins bien tarifés. L'assurance-maladie moins bien dotée. Et, au final, pas de réelle réforme. Mais un risque : celui d'un système frappé d'arthrose qui se bloque et se désagrège au fil des ans.

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