TOUT EST DIT

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vendredi 9 novembre 2012

Les morts se réveillent en douceur !

Nous aurons donc un mini-choc de compétitivité de gauche, finalement assez équilibré, même si le tableau d'ensemble ressemble à une usine à gaz. Le « pacte de compétitivité et de croissance », annoncé par Jean-Marc Ayrault dès le lendemain de la remise du rapport de Louis Gallois, apporte enfin une réponse volontariste au déclin de l'entreprise France SA. Derrière la théâtralisation des réactions, trop pour les uns, trop peu pour les autres, ce sont bel et bien 20 milliards d'euros d'allégements supplémentaires des charges patronales que les entreprises, petites ou grandes, individuelles ou pas, vont obtenir... mais en 2014.

FRANÇOIS HOLLANDE A TRANCHÉ : les morts se réveillent en douceur... La subtilité du Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), et son habileté, tiennent en e° et à décaler d'un an le coût - et donc le financement - de ce qui s'apparente ni plus ni moins à une dévaluation fiscale, un choc d'offre pour enrayer les destructions d'emplois dans l'industrie.
Dans cette longue bataille politique, c'est la ligne colberto-productiviste incarnée par le ministre du redressement productif qui l'a emporté. Arnaud Montebourg s'est allié avec l'industrialiste Louis Gallois, ancien président d'EADS, fasciné par la réussite du modèle allemand. Les entreprises ont obtenu ce qu'elles voulaient mais pas comme elles le voulaient.
Il est encore trop tôt pour faire le bilan de l'efficacité globale d'un dispositif complexe, qui mélange des mesures aux effets contradictoires. Hausse de TVA pour les uns, mais pas avant 2014, de la fiscalité écologique pour les autres, à partir de 2016˛; chacun des secteurs concernés va sortir sa calculette pour vérifier si le cadeau annoncé en est vraiment un.
JEAN-MARC AYRAULT PROMET que son crédit d'impôt va créer 300˛000 emplois à l'horizon 2017, et doper la croissance de 0,5˙point. Le procédé ressemble à s'y méprendre au discours que tenait Martine Aubry lors du passage aux 35 heures, lorsque la gauche promettait que cela créerait 700˛000 emplois. Le Premier ministre promet aussi qu'aucun secteur ne subira de hausse de prélèvement supérieure à l'avantage qu'il retirera des allégements de charges qui concerneront tous les salaires jusqu'à 2,5˙smic. Cela correspondrait à une baisse de 6˛% du coût du travail en France, de quoi effectivement enrichir la croissance en emplois plus qualifiés.
Il y a dans le plan présenté mardi trois innovations dont il faut se féliciter. D'abord, la reconnaissance de la réalité du problème du coût du travail.
La France a pris dix ans de retard par rapport à son principal concurrent, l'Allemagne. L'industrie française a perdu pendant cette période plus de 700˛000˙emplois et, dans le même temps, les marges des entreprises sont tombées à leur plus bas historique.
Deuxième innovation, la moitié du crédit d'impôt sera financée par un effort supplémentaire de réduction des dépenses publiques, soit 10 milliards d'euros, s'ajoutant aux 10 milliards déjà annoncés pour 2013. Ce choix est vertueux et prouve qu'il y a encore du gras à découper.
Troisième innovation, la promesse de stabilité fiscale et réglementaire pour la durée du quinquennat. C'est que sur un corps aussi écorché, la moindre égratignure fait mal désormais. Les entreprises ont aussi besoin de visibilité, appelons cela l'effet « Pigeon »˛!
À chômage de masse, solutions innovantes. Il en est une néanmoins qui fera débat, c'est le « donnant-donnant », une vieille lune française. Le crédit d'impôt ne sera pas accordé à des entreprises qui délocalisent, affirme Jean-Marc Ayrault. Il n'est pas sûr que cette condition sans doute populaire mais contraire au droit communautaire soit du goût du commissaire (français) au marché intérieur, Michel Barnier, gardien du temple des règles européennes face aux tentations nationales, voire nationalistes.
DERNIER POINT, COMME L'A DIT LOUIS GALLOIS, IL N'Y A PAS QUE LE COÛT DU TRAVAIL. 
 C'est un défi multifactoriel où la compétitivité hors coût, la formation, la R&D, est encore plus importante que la compétitivité coût. Mais on sait bien que l'une ne va pas sans l'autre et qu'il fallait bien commencer par un bout de la chaîne d'investissement : les profits. Il faut donc se féliciter que ce soit le socialisme de la production qui l'emporte sur celui de la redistribution. La France ne veut pas être un pays à bas salaire et à faible protection sociale, et elle a bien raison. Pour y parvenir, elle n'a plus d'autre choix que de retrousser ses manches.
Mais, le débat sur la durée légale du travail restant interdit, pour l'instant, le chaînon manquant de la bataille est du coup entre les mains des partenaires sociaux. Au pacte de compétitivité, il manque un pacte pour l'emploi.
Soldat socialiste, encore un effort, il ne manque plus qu'un contrat de travail unifié rapprochant les avantages du CDD et du CDI pour libérer l'embauche et sauver le pays˛! C'est l'ironie de l'histoire que ce soit le destin de la gauche sociale-démocrate française que de devoir remettre le modèle français à l'endroit.

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