TOUT EST DIT

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mercredi 28 novembre 2012

Le Sénat propose un Chèque-Syndicat

Les parlementaires de ce pays ne cesseront jamais d'étonner. Certes, ils n'ont pas trouvé de pétrole, et ont décidé, tant que l'argent coule à flot, que la population pourrait se passer du gaz de schistes, de l'énergie à pas cher et des emplois (le chômage ? Même pas mal). Mais ils ont des idées, à foison, et toutes aussi ridicules les unes que les autres. Par exemple, le syndicalisme en France étant déjà massivement subventionné, le Sénat a décidé de l'aider en lui ajoutant une petite niche fiscale. Trop mignon.

Il y a quelques jours, je notais, assez amer, que le syndicalisme français n'était plus qu'une mafia légale, organisée autour de principes simples de plomberie de base : les entreprises déversent des fonds dans les syndicats par ces gros tuyaux ici, l'Etat aide massivement les syndicats en regardant ailleurs lorsqu'il s'agit de comptabilité et de fiscalité, et les syndicats utilisent les petits tuyaux ici et là pour briser les rotules de ceux qui les empêchent de faire leur petit business.

Simple.
J'exagère ? Allons. C'est du lourd, du solide, du documenté : personne n'a obligé les syndicalistes à porter plainte contre Bricorama (et, selon toute vraisemblance, aboutir à la fermeture de dizaines de magasins en France). Le syndicalisme contre les salariés, c'est ça. Personne n'a obligé les syndicalistes à poursuivre une grève chez Arkema, grève qui aura définitivement liquidé les espoirs des chômeurs locaux de voir se concrétiser les investissements de 70 millions et les emplois à la clef prévus par la société. Le syndicalisme contre l'emploi, c'est ça. Personne n'a jamais poursuivi le Syndicat CGT Du Livre pour ses exactions nombreuses (trafic d'armes, intimidations, chantage, vol, violences en réunion, ...) Le syndicalisme de mafia, c'est ça. Et personne n'avait demandé à la CFDT de commettre des clips vidéos vantant la robotisation des salariés et le foutage de gueule financé avec vos sous, et pourtant, le syndicalisme décontracté, c'est ça :
Mais cela va plus loin : le syndicalisme, en France, c'est surtout un magnifique système pour pomper de l'argent des entreprises (et donc, des consommateurs, des salariés et des contribuables) vers cette caste ultra-protégée, tant par la loi que par les politiciens qui y trouvent leur compte. Pour rappel, on avait entraperçu la façon dont les syndicats se financent à la faveur de la parution (aux forceps) du Rapport Perruchot. Sa lecture est édifiante et permet de découvrir que leurs ressources atteignent ainsi 4 milliards d'euros par an, soit 3 à 4 fois les ressources des syndicats anglais ou allemands, qui ont pourtant 5 à 10 fois plus de membres.
Si l'on ajoute les évidentes magouilles, conflits d'intérêts et détournements purs et simples (régulièrement rapportés dans ces colonnes), là encore (j'insiste) le terme de mafieux n'est pas de trop.
Cependant, non content de piocher allègrement dans la poche d'un contribuable qui n'en peut mais, les syndicats s'expriment aussi vigoureusement dans le lobbyisme plus ou moins discret. Dernièrement, dans le cadre du débat sur le projet de loi des finances pour 2013, le Sénat, largement acquis à la cause syndicale surtout depuis qu'il est socialiste, a proposé un véritable Chèque-Syndicat : si, auparavant, la cotisation était déductible des impôts (à hauteur des deux tiers), à présent, les impôts vont carrément faire un petit chèque de remboursement, ce qui permet d'inclure les éventuels salariés non imposables à la bonne soupe.
Rassurez-vous : pour financer cette distribution de pognon supplémentaire, le texte prévoit la création d'une (nouvelle) taxe additionnelle (supplémentaire en plus de surcroît et additionnelle) sur la vente de tabac, pas du tout déjà touchée par une myriade de taxes. Oui, fumeur, tu vas payer pour que les salariés puissent s'affilier à un syndicat qui leur fait les poches et détruit de l'emploi !
Bien sûr, on m'objectera qu'avant cette loi, les salariés non imposables payaient donc plein-pot leur inscription aux syndicats. J'objecterai qu'il eut été plus simple, et nettement moins coûteux pour tout le monde, d'arrêter tout financement public de ces syndicats, d'une part, et de ne surtout favoriser personne dans le paiement des cotisations. On aurait alors observé la vraie puissance de ces organisations dont le nombre d'adhérent diminue tous les ans (malgré les sommes d'argent public de plus en plus considérables déversées dans leurs caisses, parfois noires). Après tout, si les adhérents payent plein pot, ils sont assez facilement en droit de demander des résultats, et de préférence en rapport avec leur condition salariale (parce que bon, des résultats bénéfiques pour les syndicats eux-mêmes, le salarié s'en fiche). Et dans ces conditions, si les syndicats ne remplissent pas leur feuille de route, les adhérents s'en vont et les syndicats finissent par s'évaporer ... ou laisser la place à des syndicats qui, eux, traitent le syndiqué comme un client, une personne auxquels ils doivent des comptes.
Pas comme maintenant, en somme.
En lieu de quoi, la blague syndicale persiste dans ce pays : les salariés, les contribuables, les consommateurs continuent de payer la présence de ces organisations plus que douteuses dont l'impact commence maintenant à se mesurer directement en terme de rigidités, de journées de grèves, de contrats perdus, de fermetures d'entreprises. Et comme manifestement, personne, absolument personne au gouvernement ni ailleurs, ne veut remettre en question ces groupuscules d'intérêts partisans, comme aucun effort ne veut même être esquissés pour remettre l'action syndicale au service du salarié, on peut affirmer sans hésiter que ce pays est foutu.
syndicate = mafia

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