TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mercredi 28 novembre 2012

Climat et fatalisme économique

Sous les torchères de gaz du Qatar se sont ouvertes, cette semaine à Doha, les négociations climatiques,
les 18e du genre depuis le grand sommet de la Terre à Rio, il y a vingt ans. On est au coeur du problème, dans cette petite monarchie pétrolière, 3e producteur mondial de gaz. Elle regorge de dollars qu’elle investit à tout va. Dans les stars de football, le BTP, l’industrie du luxe. Mais fort peu, jusqu’alors, dans la lutte contre le réchauffement.

Quelle image choc. Des organisations écologistes dînant sous la tente d’un « méchant » pays pétrolier, le diable en personne. Choc salutaire ? Ces négociations en auraient bien besoin. Que de désillusions. Après Rio, la ligne de conduite était toute tracée. Il fallait réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre pour que le réchauffement de la planète, au cours du prochain siècle – l’actuel – ne  franchisse pas une limite jugée dangereuse : celle des 2 °C. Au-delà, la machine climatique s’emballe. Cataclysmes en cascade. Désastres assurés dans les pays les plus vulnérables, les plus pauvres.

Le bilan des vingt dernières années est pitoyable. Les hommes n’ont jamais autant produit de barils de pétrole, jamais rejeté autant de gaz carbonique dans l’atmosphère. Au rythme actuel, affirme la Banque Mondiale, on pourrait atteindre les 4 °C d’augmentation de la température du globe dès 2060.

Prise de conscience insuffisante

Les accords de Kyoto, signés en 1997, n’ont servi à rien. Sauf à développer une certaine prise de conscience universelle des risques encourus. Mais c’est insuffisant. Chaque pays campe sur ses intérêts
nationaux. Malgré les signaux d’alerte – la fonte de la banquise, l’élévation du niveau de la mer, la déforestation, la multiplication des cyclones – l’humanité poursuit sa route. Informée, inquiète mais fataliste, prisonnière de la compétition économique mondiale.

Depuis l’échec du sommet de Copenhague, en 2009, le coeur n’y est plus. Ces grandes tablées de  négociations onusiennes tournent sur elles-mêmes. Aujourd’hui, il s’agit de sauver ce qui peut l’être des débris de l’accord  de Kyoto qui s’achève officiellement le 31 décembre prochain. Il sera prolongé,  vraisemblablement, jusqu’en 2020, année théorique d’entrée en vigueur d’un nouvel accord international qui devrait donc être conclu, avant ratification, dès 2015. Peut-être à Paris.

Kyoto version 2 va se poursuivre, réduit à quelques pays, essentiellement l’Europe et l’Australie. La Russie, le Japon, le Canada et la Nouvelle-Zélande ont quitté le navire. Les États-Unis de Barack Obama naviguent à l’écart. Les grands pays émergents – Chine, Inde, Brésil, Afrique du Sud… – observent et comptent les points. Ce  Kyoto dépenaillé n’est plus qu’un mirage d’accord, qui laisse les pays les plus menacés – les pays insulaires notamment – désarmés.

Les engagements pourtant ne manquent pas. Les pays riches ont, par exemple, promis de mettre au pot commun 100 milliards de dollars par an, en attendant 2020. Les premiers versements se font encore attendre. Non, sauf brutal changement de bord que rien n’annonce, les dirigeants politiques, obnubilés par la croissance perdue, les dettes à rembourser, soumis aux pressions de la grande finance internationale, négligeront après Doha, comme avant, le développement durable de la planète. Mais cette courte vue politique et ce fatalisme économique risquent de nous coûter très cher.

0 commentaires: