TOUT EST DIT

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jeudi 25 octobre 2012

La « commissionnite Hollandaise » : une imposture de plus

Le goût évident du nouveau président pour les commissions sur ceci ou cela ne sont en réalité qu’une imposture de plus, destinée au mieux à endormir les français, ou pire à les tromper. L’avenir d’un rapport aussi structurant pour le futur de l’économie française que le rapport Gallois vient en témoigner dans des proportions alarmantes.
Personne ne peut nier que le nouvel exécutif a un goût prononcé pour les commissions Machin. Début septembre, on n’en comptait pas moins d’une quinzaine ! « Mission d’inspection sur la transparence des prix du carburant », « mission d’évaluation du statut d’entrepreneur individuel », mission Jospin sur la « modernisation de la vie politique » (c’est vrai qu’en terme de modernité, l’ancien ministre se pose là…), mission « d’évaluation de la politique menée par Peugeot »… bref, on s’est rarement autant réuni ces dernières années que sous Hollande. Il est vrai que quand le conducteur du bus ne sait pas où il va, il vaut mieux qu’il dispose de quelques GPS.
Une certaine France a donc moqué l’incapacité présidentielle à avoir des idées. Force est de constater que ce n’était pas complètement faux : même Jean-Marie Le Guen, député socialiste de Paris, l’a reconnu la semaine passée dans le Nouvel Obs : Hollande avait des propositions mais pas de projet. D’où les cafouillages répétés du gouvernement : quand il n’y a pas de ligne claire, personne ne sait vraiment où il va. Quand les débats ne sont pas tranchés, faute de décision du candidat-devenu-président, c’est la cacophonie. CQFD. De même, Royal, dans Le Monde du 21/22 octobre, dans une critique finalement assez violente de l’action présidentielle, a appelé le père de ses enfants à « fixer un cap » ! 6 mois après son élection, il serait temps… Les français ne s’y trompent pas qui jugent ses débuts à l’Elysée très sévèrement : ils ne sont plus qu’environ 40% à être satisfaits de son action, record historique pour un début de mandat.
Alors, on s’est pris à rêver (façon de parler): et si la « commissionnite hollandaise » était un moyen, certes pas courageux mais finalement efficace, de faire passer des décisions impopulaires. Un peu comme si le président avait dit « Oui, je sais que ce n’est pas populaire mais en même temps, ce sont des types incontestables qui le disent… Faut les écouter ! ». La fin justifiant les moyens, on lui a laissé une chance. Ces commissions représentaient peut être une forme d’écran de fumée pour faire bouger un pays rétif à toute réforme et au moindre changement. C’était, une fois encore, un manque criant de courage politique mais peut être la preuve d’une certaine habileté tactique, la marque de fabrique d’un pragmatique caché sous des airs de gestionnaire pantouflard. Bref, fallait voir. Et on a vu. C’est encore pire que ce qu’on pensait : une couardise de plus, une tromperie supplémentaire, une malhonnêteté intellectuelle sans précédent. La Commission Gallois en est le dramatique exemple.
Quelques mois après son élection, après avoir fait campagne sur le thème « Sarkozy est responsable donc coupable d’à peu près tout ce qui arrive à la France, à l’Europe et au Monde », notre ersatz de président a été obligé de reconnaitre que notre pays et l’Europe traversait une crise majeure, et que se posait un problème de compétitivité : un produit made in France n’est pas compétitif sur les marchés européens et mondiaux. Ce constat fut d’ailleurs le fondement de feu la TVA sociale de son prédécesseur. Aussi Normalito 1er diligenta-t-il une Commission de plus, la Commission Gallois, du nom de l’ancien patron de la SNCF et EADS, Louis Gallois, réputé proche de la gauche, et demanda un rapport sur la question. Compétent, le bonhomme serait incontestable autant du point de vue de sa gauche (PS, parlementaires, électeurs…) que du point de vue du patronat. Quelques fuites ont permis de connaitre en avant-première la teneur des conclusions du rapport, ce que des esprits à peu près compétents avaient déjà préconisé : un « choc de compétitivité » de 30 à 40 milliards, soit un transfert de charges pesant sur les salaires (charges patronales et salariales) vers d’autres financements (CSG et TVA). Que soit rendu à l’ancien président le mérite (certes bien relatif) qui lui revient en soulignant que son analyse fut et reste bonne !
Or, qu’apprend-t-on tout le weekend end, suite à ces informations parues dans la presse vendredi dernier ? Sapin estime que ce rapport est « sérieux mais que ce ne sera pas le seul point de vue », Touraine « ne veut pas croire qu’on puisse faire supporter aux français un choc supplémentaire de plusieurs milliards » (au moins a-t-elle la lucidité de reconnaitre que le budget 2013 est un véritable choc fiscal pour les français), Moscovici « refusera une réforme qui brutaliserait la société française »… Le président lui-même a estimé vendredi « Qu’un rapport n’engage que son auteur »… En clair, « Moi président, je ne suis pas responsable de la Commission que j’ai créé et installé, de la question que j’ai posée, de la personne que j’ai nommé pour y répondre… surtout si cette personne arrive à des conclusions que je n’ai pas le courage non pas d’appliquer mais déjà d’assumer ! » D’ailleurs, on demande un second rapport, des fois que celui-ci ait le bon sens de présenter un rapport présentable ! C’est donc le Haut Conseil de la Protection Social, autre machin Hollandais composé de hauts fonctionnaires gavés aux mamelles dorées de la République, qui rendra un rapport sur le financement de la protection sociale. Sujet repoussé, donc, au début de l’année 2013. Pendant ce temps, l’économie française s’enlise, le chômage explose, des entreprises ferment…
On atteint là paroxysme de la malhonnêteté intellectuelle ! Et on ne parle même pas du discrédit jeté sur Louis Gallois, qui a sans aucun doute fait son travail en toute honnêteté et avec le grand professionnalisme dont il est semble-t-il coutumier. Que le président ne sache pas où il va, ma foi passe encore, ce type est incapable de la moindre vision, du moindre projet, de la moindre direction à prendre, personne ne peut dire aujourd’hui qu’il l’ignorait. Qu’il se défausse sur des Commissions X ou Y, si elles servent à cacher sa couardise, après tout pourquoi pas. On mettrait ça sur de l’habileté politique. Mais qu’avant même la sortie d’un rapport qu’il a lui-même demandé, au prétexte qu’il n’est a priori pas politiquement acceptable pour des syndicats-fossoyeurs de notre industrie ou à la frange trotsko-révolutionnaire de son électorat, cela montre l’étendue de l’imposture intellectuelle du président Hollande, enfermé qu’il est dans des dogmes idéologiques indépassables pour ses petites épaules . Sarkozy avait prédit un président-otage de l’extrême gauche autant que des corps intermédiaires dont il a su si bien jouer tout au long de sa carrière de petit salarié de la République. Aujourd’hui, qui peut sincèrement soutenir qu’il avait tort ?

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