samedi 29 septembre 2012
Stop aux doutes
Sous son sourire, perçait la
gravité du Premier ministre, la conscience que la France aborde un
tournant décisif et que lui-même est mis au défi, dans l'urgence, de
lever une montagne de doutes. La présence, à ses côtés des poids lourds
de son gouvernement soulignait d'ailleurs l'intensité de ce moment de
vérité. Il faut dire qu'entre l'incrédulité des ouvriers de Florange,
hier, face au ministre Montebourg, et la présentation, ce matin, d'un
budget historique par l'énormité des efforts fiscaux, Jean-Marc Ayrault
s'attendait à un examen télévisuel délicat.
Il a fait face sur un
ton de fermeté et une autorité plus affirmée qu'auparavant, notamment
sur le budget et son cap économique, qui, là encore, traduisaient le
souci de répondre dans l'urgence à l'inquiétude des Français. Ils se
disent, aux trois quarts opposés à la politique du gouvernement. Quant
aux classes moyennes, elles ne croient pas qu'elles seront épargnées. Le
Premier ministre a donc fait appel à toute sa force de conviction pour
marteler le bien-fondé de sa politique.
« Je dis stop » à la
dérive des déficits et de la dette, s'est plusieurs fois exclamé le
Premier ministre. Mais c'est sur la compétitivité qu'il a tenu également
à lever les doutes. Le coût du travail n'est pas tabou, mais il y
ajoute l'importance des investissements et de l'innovation. Il assure
que des décisions seront prises sous peu, début 2013. En présentant son
budget, les mesures pour l'emploi et les autres projets, telle la banque
d'investissements, comme des armes dans le combat pour le redressement
du pays, le Premier ministre avance son volontarisme, plus que la
certitude des résultats.
La difficulté du
Premier ministre, c'est que le temps politique est fatalement plus long
que le temps de l'opinion qui veut voir des résultats rapides pour être
sûre que ses efforts ne sont pas vains. Surtout quand l'austérité rend
plus incertain le retour de la croissance et que le doute grandit sur
l'objectif des 3 % de déficit l'an prochain, donc sur la validité de la
purge. Le Premier ministre a voulu dire stop aux doutes. Après les
paroles, place aux actes.
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