Le chômage nous mine depuis des dizaines d'années. Notre démographie en est pour une part responsable, mais nous n'allons tout de même pas regretter cette vitalité française. Les crises successives ont atteint chaque génération de jeunes. La croissance n'est toujours pas au rendez-vous. Dans le monde entier, elle ralentit. On nous promet une inversion de la courbe du chômage d'ici à un an. Ce doit être, en effet, avec le règlement de la dette, la priorité des priorités, mais comment y croire si l'on n'agit pas davantage, plus rapidement, plus énergiquement que jamais...
Il faut commencer par soutenir les entreprises. Celles-ci ne demandent pas de privilèges. Simplement, elles ne veulent pas voir leur compétitivité entravée par les lourdeurs que l'État leur impose. C'est vrai pour les petites et moyennes entreprises comme pour les grandes. Le patron de Renault vient de lancer l'alerte. Le coût exagéré du travail, à cause des charges sociales qu'il supporte, force l'employeur à réfléchir longuement avant d'embaucher. Et cela d'autant plus que l'embauche à durée indéterminée est pratiquement définitive sans possibilité réelle de revenir en arrière, c'est-à-dire de s'alléger si le marché de l'entreprise ralentit. Mais la flexibilité qui permettrait son adaptation est quasiment rendue impossible par l'État comme par les mentalités.
... c'est le risque d'un autoritarisme absolu
On veut la justice sociale, heureusement ! On exige la sécurité, c'est normal ! Encore faut-il en créer les conditions. Le problème est que ces exigences, encore une fois normales et qu'il faut s'efforcer de respecter, risquent, dans les conditions actuelles, d'entraîner la diminution de l'activité et d'accroître ce qui est redouté, à savoir le chômage et l'injustice sociale. À cela s'ajoutent l'alourdissement de la fiscalité, des réglementations hypercompliquées, une incertitude législative dans de nombreux domaines. Notre modèle social est si précieux qu'il faut le préserver, mais comment réussir aujourd'hui à le financer ?
Des possibilités avaient été envisagées, par exemple pour alléger les charges du travail : la TVA sociale. Le gouvernement précédent avait fini par l'adopter, trop tardivement du reste. Le gouvernement actuel s'est empressé de l'abroger et le Premier ministre a confirmé qu'on n'y recourrait pas plus qu'à la CSG. Alors comment va-t-il être possible d'alléger les charges sur les salaires ?
Si l'action du gouvernement n'est pas rapidement efficace, la marée montante du chômage va se poursuivre et l'on dépassera allègrement les trois millions de chômeurs. D'autant plus que déjà 850 000 personnes sans travail ne sont pas comptabilisées. Dans ces conditions, il ne faut pas oublier les leçons de l'histoire : du chômage de masse est déjà sorti le pire dans les années 30. Ce fut le recours d'un peuple à une dictature guerrière. En France, après les diverses désillusions apportées par les majorités qui se sont succédé au pouvoir depuis trente ans, « la confiance dans la démocratie pourrait s'éroder », comme le craint Joseph Stiglitz. Nous risquerions alors de voir un triste jour, sortir un autoritarisme absolu des urnes démocratiques.
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