TOUT EST DIT

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mercredi 1 août 2012

Une question de respect 


C’est un petit reportage, réalisé avec une caméra cachée, qui tourne en ce moment sur internet. On y voit une jeune femme se promenant dans la rue, robe d’été au niveau du genou, bottines, rien de bien provoquant. Et puis le ballet des lourdingues qui accompagnent ses pas, qui se frottent, qui insistent. Ces «chienne», «salope», «viens, on va à l’hôtel» lâchés comme des crachats, infligés comme des brûlures. Comme si cela ne représentait rien, comme si les mots ne mordaient pas.
La scène se passe à Bruxelles, elle pourrait se dérouler ici. Elle illustre parfaitement l’ampleur d’un phénomène depuis trop longtemps accepté par la société. Et encore aggravé par les films pornos désormais en libre accès qui font l’éducation sexuelle de toute une génération pour qui la femme n’est plus qu’un objet.
Car il faut être une femme pour avoir conscience de cette réalité-là. Pour connaître et supporter cette pression parfois doucereuse, parfois brutale qui s’exerce de façon inégale – ne généralisons pas – aussi bien au bureau qu’à l’école, dans la rue que dans les transports publics. Jusque dans les travées de l’Assemblée nationale où la robe de Cécile Duflot provoqua récemment d’imbéciles sifflets. Ce ne sont pas des situations comparables ? L’esprit est le même.
Souvent nié ou tourné en dérision par les hommes qui ne voient là qu’innocente grivoiserie, ce harcèlement peut miner des vies, mener à la dépression, au suicide parfois. Le mal est bien plus profond qu’on ne l’imagine.
En comblant avec une rare unanimité le vide juridique qui existait depuis début mai, et en améliorant sensiblement la précédente loi, les sénateurs et sénatrices ont œuvré dans l’intérêt des victimes. Et aussi pour la dignité humaine, car c’est bien de cela qu’il s’agit.
Ce texte n’interdit pas d’être amoureux de sa ou de son collègue de travail, il n’interdit pas de séduire ni même de draguer maladroitement. Il ne condamne pas non plus les compliments et encore moins les émotions. Il dit simplement que par-dessus tout, il y a le respect de l’autre.

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