TOUT EST DIT

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samedi 18 août 2012

Sortir de l’Europe : l’idée se précise

« Nous avons besoin de trouver les moyens nous permettant d’éjecter quelqu’un de la zone euro. » Ainsi s’exprime le ministre autrichien des Affaires étrangères et vice-Chancelier, Michael Spindelegger, dans un entretien accordé vendredi au quotidien Kurier. Certes ! il s’agit de mettre en place un mécanisme légal – et non de prendre quelque mesure arbitraire – permettant aux Etats-membres qui ne respectent pas les critères de la zone euro d’en être exclus.
Mais l’idée-même de changer les traités de l’Union européenne en ce sens permet de mesurer le chemin parcouru, depuis l’époque où le seul fait de l’envisager valait à l’iconoclaste d’être considéré à l’égal d’un blasphémateur.
Cela dit, si même une majorité se dessinait en ce sens au sein de l’Union européenne (ce qui n’est pas encore le cas), Michael Spindelegger estime qu’un tel processus pourrait facilement prendre cinq ans avant d’être mis en place.
Il n’en tire pas moins des conclusions très claires, dans une allusion transparente à la situation grecque. « Si nous avions déjà un tel mécanisme, affirme-t-il, (…) nous aurions alors tiré les conséquences. »
Créer un tel mécanisme, explique-t-il enfin, renforcerait la confiance des marchés. Ce n’est pas faux ; mais c’est loin d’être envisageable, à l’heure actuelle, à dix-sept. Même si, selon lui, une telle idée est d’ores et déjà soutenue par des pays tels que l’Allemagne, le Luxembourg, la Finlande et les Pays-Bas…
On sait effectivement que ces pays, classés parmi les bons élèves (ou les moins mauvais, c’est selon…) de la zone euro, manifestent régulièrement leur souhait de laisser sur le côté du chemin les pays les moins vertueux en matière économique. Mais ce n’est pas si simple, et l’exemple d’Angela Merkel le montre bien, qui souffle, suivant les heures, le chaud et le froid.
Faire son possible…
Ainsi, à Ottawa, où elle rencontrait jeudi son homologue canadien Stephen Harper, a-t-elle déclaré : « Nous sommes engagés à faire tout notre possible pour maintenir la monnaie commune. » Déclaration logique, dira-t-on. Mais renforcée, en l’occurrence, d’une vision fédéraliste à laquelle le chancelier allemand ne nous a guère aussi nettement habitués.
Angela Merkel suggère en effet un renforcement des pouvoirs de la Commission européenne pour permettre à celle-ci d’intervenir sur le budget d’un Etat-membre : « Vis-à-vis d’un pays qui ne respecte pas les règles, la Commission pourrait intervenir directement dans la loi de finances, et c’est quelque chose dont nous devons discuter. »
Il est vrai que, alors qu’elle espérait obtenir une aide économique du Canada, elle s’est heurtée à un mur. Stephen Harper n’est pas partant. « Nous faisons pleinement confiance à nos partenaires européens. Nous croyons qu’ils ont la volonté et les moyens de répondre aux défis auxquels ils sont confrontés », a-t-il poliment – mais fermement – affirmé. Et son ministre des Finances, Jim Flaherty, a mis les points sur les i, en affirmant que l’Europe « n’avait pas fait assez » et « doit faire davantage » en matière de désendettement. « Il n’est pas nécessaire, a-t-il conclu, que le Canada consacre ses ressources à aider à résoudre le problème européen, vu que les pays européens comptent parmi les plus riches au monde. »
Ceci explique sans doute cela…
On peut considérer aussi que Berlin, face à certaines critiques, essaye de faire profil bas. C’est du moins ce qu’affirme le président de la République fédérale d’Allemagne, Joachim Gauck, qui, rencontrant jeudi, à Vienne, son homologue autrichien Heinz Fischer, l’a assuré que l’obstination affichée par l’Allemagne au sein de l’Union pour une réduction des déficits publics ne correspond pas à une « aspiration à la domination », mais plutôt à une envie de « solidité et de fiabilité » au sein de l’UE.
On verra bien ce qu’il en est jeudi prochain, à Berlin, où Angela Merkel recevra François Hollande…

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