TOUT EST DIT

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vendredi 31 août 2012

Made in Germany 


Malgré l’affligeante paralysie de ses institutions, l’Europe garde – que cela plaise ou non – une voix forte. Celle de l’Allemagne, celle d’Angela Merkel consacrée pour la cinquième fois «femme la plus puissante du monde» par le magazine américain Forbes. Chancelière d’Allemagne dont elle représente au mieux les intérêts, elle incarne aussi l’Europe, du moins dans la vision que se fait le reste du monde de cet ensemble de plus en plus ectoplasmique. Car Angela Merkel sait toujours parler au nom de l’Europe. Encore hier en Chine où elle a plaidé – entre deux signatures de mirifiques contrats dont un concerne la vente de 50 Airbus – pour plus d’implication de Pékin dans la crise de l’euro par le rachat de dettes des Etats en difficulté. Apparemment avec succès, les Chinois exigeant toutefois des contreparties qui ne gênent pas outre-Rhin: Pékin est déjà le troisième partenaire commercial de l’Allemagne et pourrait bien, prochainement, détrôner la France, en première place devant les Pays-Bas…
Mais c’est l’Europe à l’allemande, celle de la rigueur libérale, celle d’une plus grande intégration économique et politique que Berlin défend partout dans le monde. Avec une grande absente sur cet échiquier planétaire: la France. Sous l’ère Sarkozy, elle suivait l’Allemagne en fidèle «second». Au lendemain du 6 mai, elle a cru pouvoir se démarquer idéologiquement… pour finalement revenir aux réalités récemment exprimées par les ministres Moscovici et Schäuble sous forme d’un «groupe de travail» censé remédier à la crise dans une belle convergence… En espérant, dans les non-dits, que Paris, Rome et Madrid sauront infléchir les catéchismes berlinois de la Sparpolitik et du monétarisme à la Bundesbank. En jouant aussi sur un atout commun aux Français, aux Italiens et aux Espagnols: celui de savoir que l’Allemagne ne décidera pas seule. Bref, il y aurait de la place pour des compromis…
Mais lesquels? La semaine prochaine, la BCE de Francfort, en la personne de Mario Draghi, annoncerait, sous certaines conditions, le rachat de dettes souveraines. Au grand dam des puristes allemands qui craignent l’emballement de la planche à billets. Mais à la satisfaction des marchés financiers qui relâcheraient leur étreinte sur la zone euro en laissant enfin un peu souffler toutes les économies…
À voir. En attendant aussi d’autres échéances, notamment sur la Grèce. Et en sachant que si le sésame de la crise est bien à Berlin, d’autres capitales possèdent des clés décisives. Politiquement grippées, il est vrai...

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