TOUT EST DIT

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mercredi 22 août 2012

La droite libérale, orpheline de Sarko ?


Nicolas Sarkozy remis en selle ? Selon un sondage Ifop-JDD 53% des sympathisants UMP souhaiteraient que l’ancien président soit de nouveau candidat en 2017. Et 40% qu’il reprenne sa place dans le débat public. 7 % seulement des ex-sympathisants, ayant apparemment perdu toute sympathie pour le candidat malheureux, ne veulent plus entendre parler de lui. « Mon retour n’est pas du tout d’actualité », a certes précisé l’intéressé. Ce sondage lui laisse néanmoins, au cas où il changerait d’idée, une porte entrebâillée. N’était-ce pas ce que souhaitait le président battu lorsqu’il annonçait vouloir « se mettre au vert au moins deux ou trois ans » ? En gardant la possibilité de se poser, si l’occasion s’y prête, en un éventuel recours de la droite libérale ?  
Ceux qui se sont plus ou moins mis en piste pour prendre la direction de l’UMP – les 18 et 25 novembre prochains –, c’est-à-dire, par ordre de popularité décroissante dans les  sondages : François Fillon, Jean-François Copé, Nathalie Kosciusko Morizet, Xavier Bertrand, Bruno Le Maire, Christian Estrosi, Dominique Dord, tous ceux-là devront compter avec l’ombre de Nicolas Sarkozy venant leur titiller la roue. Du moins en ce qui concerne les deux premiers de la liste. Quant aux autres, à mon avis, il va y avoir de grosses défections dans leurs rangs… Y compris chez les outsiders Kosciusko-Morizet et Le Maire…
Une lucarne reste donc ouverte pour l’éventuel retour de Nicolas Sarkozy. Ou du moins, lui permettant, s’il en éprouve le besoin, de peser sur le débat politique. Mais pour revenir vers les Français, il ne faudrait pas que l’ancien président de la République se trompe de fenêtre, choisissant par exemple celle de la Syrie, qu’il semble confondre avec le bow-window libyen. Très à tort d’ailleurs, puisque le cinéma de Bernard-Henri Lévy dans lequel l’ex-président avait cru bon de jouer les premiers rôles (et surtout les producteurs, question pognon) n’a pas laissé que de bonnes impressions dans les souvenirs des Français. Quelques mois après, certains d’entre eux, constatant les conséquences désastreuses de cette affaire  qui se sont développées au Mali (conséquences néfastes aussi sur la politique étrangère de certaines grandes puissances) seraient même tentés de siffler la fin du film. Et, avec lui, son auteur, ses interprètes et ses sponsors.
Quand les caciques de l’UMP, emboîtant avec un bel ensemble le pas de Nicolas Sarkozy, dénoncent de concert « l’inaction » de François Hollande en Syrie, ils satisfont sans doute la classe médiatico-humanitaire (qui de toute façon ne votera jamais pour eux). Mais ils affligent, sans même s’en rendre compte, une grande partie des électeurs de droite…
La droite de ceux qui « ne sont pas tous des lâches »
Député UMP, vice-président du Conseil général des Alpes-Maritimes et accessoirement membre de la droite populaire, Lionnel Luca confiait la semaine dernière ses états d’âme à un quotidien de gauche… L’élu du sud s’y présentait comme républicain (tendance bonapartiste), jacobin, gaulliste (avec un fond de catholicisme social). Fort de toutes ces références, Lionnel Luca pense, citant pour l’occasion J.-P. Chevènement, que « la gauche a oublié le peuple, et la droite la patrie ». C’est vrai. A condition de préciser qu’il s’agit de la droite libérale. La droite nationale n’a jamais elle, mis de côté la patrie. Et pour cause  : elle lui est en quelque sorte consubstantielle.
A propos de l’insécurité et du châtiment des criminels, deux sujets à l’ordre du jour, (surtout après les inquiétantes  déclarations de Christine Taubira), l’élu des Alpes-Maritimes n’hésite pas, même s’il la juge dans le contexte européen « inapplicable », à évoquer la peine de mort. « Je suis pour la mise hors d’état de nuire d’un criminel et pour la sanction proportionnée à la nature du crime. Sans être dans la loi du talion, on ne peut pas accepter qu’après trente ans de détention un individu particulièrement dangereux, ayant délibérément ôté la vie, puisse sortir. Je regrette qu’on ajoute à ce débat une dimension moralisatrice. » Et de constater : « Si je dis : je suis pour la peine de mort (…) je suscite l’horreur absolue. Le Japon et les Etats-Unis sont des démocraties et pratiquent pourtant la peine de mort… » L’application de celle-ci n’a en effet rien à voir avec la démocratie. Mais tout à voir en revanche avec la subversion des institutions.
Au journaliste qui lui fait remarquer que les partisans de la peine de mort sont aujourd’hui très minoritaire, Luca répond : « A droite, nous sommes des lâches. Si on veut faire carrière dans cette société moralisatrice, il faut être bien vu de ceux qui écrivent, ces curés laïcs qui donnent l’absolution au nom de ce qu’il faut penser. Moi je fais parti des mal pensants. » Là notre député UMP se vante peut-être un peu. Les vrais « mal pensants » sont rarement interviewés dans Libération.
Le FN coupe l’UMP en deux
 Propos lucides et fermes également sur l’islamisation de la France. « Depuis une vingtaine d’années, un islamisme intégriste conquérant veut nous imposer sa façon de vivre. » Et de rappeler que dans notre pays : « Deux tiers de la  viande qu’on consomme sont abattus selon l’abattage rituel alors que celui-ci devrait être dérogatoire (…). Ça ne me dérange pas qu’un musulman mange halal, mais je ne veux pas manger halal ou casher sans le savoir et je ne veux pas payer une taxe pour une religion qui n’est pas la mienne. » La plupart des Français pensent la même chose…
Mais, dans le corps de cet entretien, Lionel Lucas rappelle aussi, de façon paradoxale par rapport à ses déclarations, qu’il et un adversaire résolu du mouvement national. Le seul parti qui défend les positions qu’il a exposées. « Le FN est un adversaire, un grand parti démagogue (…)Nous on règle les problèmes dans la fermeté, pas dans l’extrême. » Si les nationaux apparaissent aujourd’hui comme extrémistes, alors que l’immense majorité d’entre eux ne le sont nullement, c’est parce que depuis cinquante ans les responsables de cette droite libérale, à des degrés divers, n’ont cessé de dériver vers la gauche, comme aimantés par son idéologie. A force de s’éloigner toujours davantage des fondamentaux de droite, ceux qui sont restés fidèles à ces derniers, apparaissent, aux yeux de cette droite libérale déportée à gauche par de forts courants progressistes, comme autant d’étrangers. De lointains énergumènes. Pourtant, si la droite veut lors des prochaines échéances, reprendre le pouvoir à la gauche, cette reconquête passe forcément par des alliances électorales entre la droite libérale et la droite nationale. Si les candidats de l’UMP et du centre refusent farouchement ces alliances, dans les sondages, « 52% des sympathisants UMP y sont favorables ». Pour l’UMP – il y va de sa tactique électorale – voilà donc un  nœud gordien à trancher avant les 18 et 25 novembre prochains… 
Les 52% d’électeurs UMP qui souhaitent des alliances électorales avec le FN partagent sans doute les positions de Lionel Lucas sur la patrie ou la mise hors d’état de nuire des criminels. Sans doute sont-ils excédés par cette société moralisatrice de curés laïcs nous prêchant du matin au soir la Tora des droits de l’homme… Sans doute sont-ils écœurés par les carriéristes de la politique, taisant leurs convictions pour ne pas déplaire à leurs adversaires. Alors pourquoi ne pas rejoindre la droite « de ceux qui ne sont pas tous des lâches »,  et encore moins des carriéristes ? La droite qui n’a pas honte d’afficher ses idées ? Ce serait sans doute aussi une bonne façon de faire avancer au plus vite le débat sur les alliances.

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