Mentor. Patrick Buisson, le conseiller officieux de
Nicolas Sarkozy a été l’une des révélations de la campagne. Une
révélation pourtant bien discrète.
C’est l’homme invisible : l’homme que personne ne voit mais dont tout le monde parle : Patrick Buisson, le conseiller officieux le plus influent de Nicolas Sarkozy, reste aussi secret depuis la défaite de Nicolas Sarkozy qu’il a su l’être auparavant.
Il répond aux très rares journalistes qu’il connaît pour démentir les informations qui le concernent, mais ne donne pas d’interview.Ceux qui l’ont côtoyé durant la campagne évitent le sujet et disent qu’ils n’ont pas de nouvelles. « Il n’a jamais été le conseiller du président Sarkozy, il n’avait pas de bureau à l’Élysée », indique-t-on dans l’entourage de l’ex-chef de l’État.
Patrick Buisson est donc aujourd’hui comme avant le 6 mai : secret. Il continue de diriger la chaîne de télévision Histoire, et sa société de conseil Publifact.
Les photos de lui sont rares, car il a pris l’habitude d’éconduire les photographes quand ces derniers tentent de l’immortaliser. Véritable homme de l’ombre, il ne s’est jamais montré, sauf au meeting géant de la Concorde, quelques jours avant le premier tour.
Présent au côté de Nicolas Sarkozy depuis la campagne de 2007, il a été l’une des révélations de la dernière présidentielle, tant le virage à droite qu’il a initié, a fait – et fait encore – débat.
Quasi absent dans les médias, il a été l’homme de l’ombre dont le grand public a le plus entendu parler. Son patronyme est presque devenu un adjectif qualificatif : on parle de la « ligne Buisson » pour évoquer la droitisation de Nicolas Sarkozy. Et c’est sur ses épaules qu’une partie de l’UMP fait reposer la responsabilité de la défaite de la droite. Les autres préférant dire que c’est grâce à la « ligne Buisson » que Sarkozy était présent au second tour de l’élection.
« Cette stratégie est une faute sur le fond et une erreur sur la forme », affirme Roselyne Bachelot dans un livre ( À feu et à sang, éditions Flammarion), désignant clairement comme responsable Patrick Buisson, « une personnalité manipulatrice », dit-elle.
Nathalie Kosciusko-Morizet, qui fut pourtant l’unique porte-parole de Nicolas Sarkozy, ne prend plus de gants pour évoquer l’ancien conseiller du président : « Le reproche que je fais à Patrick Buisson, c’est que son objectif, à mon avis, n’était pas de faire gagner Nicolas Sarkozy. Il était de faire gagner Charles Maurras. »
Très critiqué, Patrick Buisson a pourtant toujours été soutenu par Nicolas Sarkozy qui lui a remis la Légion d’honneur en 2007, quelques mois après son arrivée à l’Élysée. « C’est à Patrick que je dois d’avoir été élu », avait alors dit le président qui, depuis, lui a toujours accordé sa confiance.
Convaincu par les jugements de Patrick Buisson depuis que ce dernier avait pronostiqué la victoire du « non » lors du référendum de 2005, Nicolas Sarkozy l’a par la suite toujours écouté. Le discours de Grenoble ? C’est lui. Les racines chrétiennes de l’Europe ? C’est lui. La proposition du référendum sur l’immigration ? C’est encore lui.
Lui dont on dit qu’il a une force de persuasion hors du commun, lui dont on dit qu’il agit comme un gourou, lui dont on dit qu’il a une fascination pour l’argent, va peu à peu retrouver l’anonymat total. D’abord parce qu’il le souhaite. Ensuite parce que son nom évoque des débats internes que l’UMP souhaite taire.
Brillant intellectuel, historien, homme de plume, Patrick Buisson sera-t-il tenté d’écrire sur sa période sarkozyste pour confirmer ou infirmer les fantasmes qui sont rattachés à son nom ? L’inconvénient est que cela l’obligerait à sortir de l’ombre.
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