TOUT EST DIT

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dimanche 3 juin 2012

Qu'est-ce que la croissance ? 

« La croissance », c'est le grand mot, brandi constamment. C'est le but que tous veulent atteindre. C'est la solution de nos maux. C'est l'arrêt de la crise...
Évidemment, dans la situation actuelle de nos économies, la croissance est une nécessité. Le problème est de savoir comment relancer cette dynamique de manière assez puissante pour qu'elle ait de l'effet. Espérons que les économistes et les politiques trouveront très vite les méthodes et les moyens pour la déclencher...
Cependant, au-delà de cet immédiat qui nous contraint, il faudrait réfléchir un peu, prendre du recul, car la croissance ne peut pas être infinie. Pendant longtemps, nous avons eu le culte du progrès, un grand mot fourre-tout où se mêlent le meilleur et le pire, c'est-à-dire les améliorations de toutes sortes, mais aussi les conséquences qu'elles entraînent, qui ne sont pas toutes favorables, loin de là, et contre lesquelles il faut ensuite se prémunir.
Il en va de même pour la croissance. «  Qu'est-ce que la croissance ? ». C'était la question qu'avait posée Deng xiaoping à des visiteurs qui s'enquéraient du taux de la croissance chinoise. C'est à cette question qu'il va bien falloir répondre, dans les années qui viennent, si l'on veut ne pas être surpris et même menacés par les évolutions que notre conception actuelle de la croissance va provoquer.
Il ne suffit plus d'assimiler celle-ci à la croissance du PIB (Produit intérieur brut). Celui-ci ne suffit pas à exprimer la situation d'un pays. « La croissance d'une société se mesure aussi au bien-être et au progrès social (1). » De nouvelles notions doivent donc être prises en compte [par exemple la qualité de l'eau, l'espérance de vie, la scolarisation] estime l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) dans un récent rapport.
« Inventer quelque chose de nouveau »
Or, la croissance telle qu'elle est souvent conçue ne tient pas compte de certaines limites qui, pourtant, vont se dresser comme des murs face à la marche de l'humanité. Il en est ainsi, par exemple, du pétrole dont la production va commencer à décroître, avant même qu'on ait eu le temps de le remplacer, là où il est indispensable. Cela nous rappelle que nous sommes dans un monde limité or, « le franchissement des limites physiques du système conduit à un effondrement », écrit le physicien américain Dennis Meadows (1).
La question est donc de songer à ce qui se passera quand la croissance rencontrera ces limites. Malheureusement, le temps du mandat politique n'incite pas celui qui le détient à penser au long terme. Il voudrait surtout réussir son mandat, alors qu'il faudrait incorporer dans l'action d'aujourd'hui les conséquences qu'elle provoquera, quarante ou cinquante années plus tard.
Dennis Meadows nous tance : « Vous ne voulez pas entendre parler de la fin de la croissance, parce que cela signifie que vous devez inventer quelque chose de nouveau... Or, dans les vingt prochaines années, vous verrez plus de changements qu'il n'y en a eu depuis un siècle dans les domaines de la politique, de l'environnement et de l'économie, de la technique... Ces changements ne se feront pas de manière pacifique. »
Nous voilà prévenus, nous savons désormais que nous devons inventer quelque chose de nouveau.

(1) Le Monde, 26 mai 2012.

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