La gauche ne peut toutefois pas ignorer trois fragilités.
La première : l'abstention, classique dans toute législative qui suit une présidentielle, est la plus forte de la Ve République. Elle traduit une adhésion modérée de l'opinion, un peu saturée de politique, à la majorité présidentielle. Les députés, déjà taxés de bien des maux, vont avoir fort à faire pour redorer leur blason au moment de redresser le pays.
La seconde : le PS aura du mal à constituer une majorité à lui seul. À cause de l'abstention et de dissidences - ce n'est pas gagné pour Ségolène Royal - François Hollande réunira moins de députés que François Mitterrand ne le fit en 1981, avec un score présidentiel comparable. Il lui faudra composer avec ses alliés Verts et Radicaux (ce qui, à défaut d'être simple, est gérable), voire obtenir la bienveillance du Parti de gauche ou de centristes, pour éviter d'être mis en minorité.
La troisième : si la gauche gagne dimanche, elle le devra d'abord à sa poussée dans une demi-France, celle de l'Ouest et du Centre, spécialement des villes comme Rennes ou celle du Premier ministre, Nantes. À l'opposé, la droite domine la moitié Est du pays, notamment le Sud-Est. Cette coupure, à la fois géographique et politique, s'accroît à chaque scrutin, posant de lourdes questions aux deux camps.
La droite, elle, a d'abord perdu à cause de ses divisions. Comme pour le PS, le mode de scrutin avantage relativement l'UMP qui sauve les meubles, mais qui perd dix points par rapport à 2007 tandis que le FN en gagne autant. Le parti sarkozyste résiste mieux que prévu, Jean-François Copé frôle l'élection au premier tour, mais sans éviter une double difficulté.
D'une part, même si le seuil pour accéder au second tour, combiné à une faible participation, limite à 25 ou 30 le nombre des triangulaires, le FN, à défaut d'avoir des élus en proportion de son audience, s'enracine et renforce sa capacité de nuisance. Plusieurs ténors, comme Nadine Morano, sont en difficulté.
D'autre part, il se confirme, dans l'Ouest en particulier, que la disparition d'un centre structuré et distinct de l'UMP continue de favoriser le PS.
L'UMP est ainsi confrontée à un grand écart, très acrobatique : d'un côté, il lui faudrait mettre en avant des thèses modérées pour retrouver le terrain perdu au centre droit ; et de l'autre, durcir le ton pour éviter d'en perdre sur sa droite. Cette question est posée dès ce matin à Jean-François Copé et à l'état-major du parti qui, après le désistement républicain promis par le PS, arrêtera sa consigne en cas de duel gauche-FN.
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