TOUT EST DIT

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mercredi 9 mai 2012

Un triple symbole


Il est des jours où, au-delà des convictions partisanes, on est fier de ses dirigeants, de ses institutions, de son pays. La belle image offerte, hier, par Nicolas Sarkozy et François Hollande, est un exemple de dignité et d’esprit républicain, à un moment si important de la vie démocratique française et européenne.
À dire vrai, la séquence a commencé dimanche soir, à La Mutualité, lorsque l’on a vu le Président battu saluer, à l’américaine, la victoire de son adversaire et calmer ses troupes par respect du verdict populaire.
Elle s’est poursuivie à Tulle et à La Bastille où l’on a entendu François Hollande, au milieu d’un patchwork de cultures et d’origines, expliquer qu’il était désormais le Président de tous les Français.
Elle s’est achevée hier midi, sous l’Arc de triomphe, le jour de la commémoration de la Victoire – quels symboles ! – par l’invitation, opportunément lancée par Nicolas Sarkozy et intelligemment acceptée par François Hollande, à célébrer la fin de la barbarie en Europe.
À part François Mitterrand en 1995, mais qui n’était plus candidat, jamais un Président n’avait invité son successeur à cette cérémonie dont le calendrier coïncide avec la présidentielle française. Le 8 mai 2007, Jacques Chirac n’avait pas convié Nicolas Sarkozy, qui s’était octroyé un repos post-électoral sur un yacht au large de Malte.
Cinq ans plus tard, c’est le même Nicolas Sarkozy qui en prend l’initiative, comme s’il avait fallu attendre l’échec pour trouver les gestes qui réconcilient, rassemblent et grandissent.
Cette image d’unité et de sérénité est triplement symbolique. D’abord, elle rappelle à l’opinion l’importance des institutions, aussi perfectibles soient-elles. Elle révèle les vrais hommes d’État, capables de dépasser leurs différences et d’oublier les plaies encore douloureuses de la campagne, pour privilégier la continuité républicaine et l’intérêt national.
Elle est ensuite un message pour l’étranger. L’Europe et le monde scrutent forcément le climat politique au sein de la seconde puissance du continent et cinquième économie de la planète. En période de crise, cette permanence de l’État, cet accord implicite sur l’essentiel, illustrés par une transition digne, grandit celui qui s’en va et conforte celui qui arrive.
Enfin, en célébrant, ensemble, la Victoire avec un grand « V », en rendant hommage à ceux qui sont tombés pour la paix, Nicolas Sarkozy et François Hollande adressent à l’Europe un message politique.
Impossible, le sauvetage de la Grèce, au bord de la banqueroute économique et politique ? Inexorable, la montée des extrêmes, de droite et de gauche ? Impuissants, les partis de gouvernement face à des protestations de toute nature ? Autant de menaces qui font redouter l’éclatement de tout ce que l’on a construit depuis 1945.
L’austérité comme solde des errances passées peut conduire au pire. François Hollande a suggéré qu’il existait une autre voie pour l’Europe. Avant même d’être investi, il allume un espoir. Risque ou chance ? En tout cas, le 8-Mai nous rappelle que l’intérêt supérieur est une construction permanente. Que la politique, c’est le contraire de la guerre, la force devenue civilisation.

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