TOUT EST DIT

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lundi 2 avril 2012

Trois longues semaines


Dans vingt jours, nous connaîtrons le nom des finalistes. Surtout, nous aurons une idée des réserves électorales de chacun avant la date fatidique du 6 mai. En fait, depuis longtemps, tout le monde considère que les jeux du premier tour sont faits. Et que la campagne est désormais trop longue.
Elle est longue, en effet, d'abord pour les candidats. Tous sont fatigués, parfois au bord de l'épuisement. Ce qui les place à la merci d'un dérapage. L'épreuve est particulièrement redoutable pour ceux - Eva Joly et François Hollande - qui ont enchaîné deux campagnes, la primaire et la présidentielle.
Elle est longue pour celles et ceux qui n'ont comme seul espoir que de dépasser la marge d'erreur des sondages. Laminés par les poids lourds, il leur faut des convictions à toute épreuve pour engager autant d'énergie pour un résultat qui ne changera pas le paysage politique.
Elle est longue pour François Hollande qui espère tenir trois semaines avec la seule défense de son projet pour contrer le président sortant qui, lui, va dicter le tempo médiatique en poursuivant ses annonces quotidiennes et en dévoilant, promis cette semaine, son programme global et chiffré.
Elle est longue pour les Français qui frôlent la saturation. Ils ont l'impression de n'avoir plus rien à en apprendre. Ils se demandant même si, quel que soit le résultat, leur vie changera vraiment. Ils se désolent de constater que les débats accessoires occultent trop souvent les vrais enjeux. Le vrai enjeu.
Où est passée la dette ?
Vendredi, l'Institut de la statistique a annoncé une baisse du déficit public un peu plus rapide que prévu. Mais il a surtout révélé que la dette avait augmenté de 122 milliards l'an dernier pour atteindre le niveau record de 1 717 milliards. Cette hausse et celle des intérêts vont se poursuivre tant que nous emprunterons plus que nous ne rembourserons.
Autrement dit, le prochain président va se trouver confronté à l'obligation d'une baisse drastique des déficits et d'un remboursement significatif de la dette - c'est un engagement européen - s'il ne veut pas se retrouver paralysé et dévalué. Quelles hausses d'impôts ? Quelles dépenses en moins ? Quelles prestations rabotées ? Quelle répartition des efforts ?
Si on répondait à ces questions, les trois semaines qui viennent ne seraient ni ennuyeuses ni inutiles. Le problème, c'est que promettre du sang et des larmes serait le meilleur moyen de ne pas se faire élire ! François Bayrou, sans conteste le plus courageux en la matière, le mesure à ses dépens. François Hollande évite un discours de trop grande vérité en pariant sur une croissance incertaine. Nicolas Sarkozy n'a toujours pas détaillé les coupes claires qu'il ferait dans la dépense publique.
Pour les y contraindre, il faudrait que la campagne officielle, au lieu d'être un éteignoir à débat, se transforme en une vraie confrontation. La succession des discours ne suffit pas au citoyen pour se faire une idée. Des face-à-face, façon primaire socialiste, donneraient une chance au débat de mieux nous éclairer.
Nous sommes à la veille d'un rendez-vous majeur pour le pays, et tout se passe comme si la campagne jouait à cache-cache avec l'essentiel.

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