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lundi 2 avril 2012

Helmut Newton au Grand Palais : "Ses photos ne sont jamais porno"

Le Grand Palais expose jusqu'au 17 juin, une partie des photographies d'Helmut Newton. Jérôme Neutres, le commissaire de l'exposition nous parle cet artiste hors du commun.

F-S. Comment est née cette rétrospective consacrée au photographe Helmut Newton ?
Jérôme Neutres Nous voulions rendre hommage à ce grand artiste. Les photgraphies d'Helmut Newton ont, pour la plupart, été réalisées et exposées en France de son vivant. Mais c'est la première fois qu'on lui consacre une rétrospective depuis sa mort. Ces clichés ont tous été commandés par des magazines à l'origine. Mais Newton a toujours réussi à s'affranchir de tous les codes et de toutes les normes. Il avait un talent incroyable.
F.-S. Vous n'avez pas hésité une seule seconde avant d'associer son épouse June Newton à cette exposition...
J.N. June a accompagné la vie et la carrière de son mari pendant soixante ans. Il lui reste toute son énergie intellectuelle même si elle est très fatiguée physiquement comme une personne de 90 ans. Il nous semblait opportun de profiter de cette source de connaissance. Newton a réalisé 80.000 clichés au cours de sa carrière. Il a consacré la plupart de son temps à son travail entre ses 16 ans et ses 83 ans où il est mort accidentellement. Aucun spécialiste ne le connaît aussi bien que June.
F.-S. Beaucoup  estiment qu'Helmut Newton était le précurseur du « porno chic ». Qu'en pensez-vous ?
J.N. Ces expressions le faisaient beaucoup rire. Force est de constater, lorsque l'on regarde ses photos, qu'elles ne sont jamais porno. Elles sont, en revanche, toujours chics.
F.-S. Certaines photographies sont pourtant provocatrices...
J.N. Le nu a toujours provoqué dans l'histoire de l'art. "L'Olympia" de Manet a fait scandale, "L'Origine du monde" de Courbet a fait scandale. Mais en réalité, les clichés d'Helmut Newton ne sont pas si provocateurs que ça. Le photographe disait lui-même : « Dans ces grands nus, il y a moins de sexualité que dans ceux de Rubens. » Le critique d'art Lamarche-Vadel précisait d'ailleurs : « Les grands nus de Newton, c'est l'histoire de la statuaire qui continue », précisant qu'il fallait mettre ça en rapport avec la Sainte Thérèse du Bernin. Lorsque vous regardez la photographie de la jeune femme nue, qui se regarde dans un miroir, au-dessus de Paris, ce n'est autre que la reprise de la Vénus de Vélasquez.
F.-S. En grand observateur qu'il était, Helmut Newton portait un oeil critique sur le monde qui l'entourait...
J.N. Il y a un aspect balsacien chez Newton. Il était fasciné par le monde du luxe, de l'argent, de la mode, du pouvoir. Il se concentrait sur les figures dominatrices qu'il croquait sans concession, parfois avec ironie, toujours avec beaucoup d'humour. Il s'attachait d'ailleurs à tourner en ridicule la mégalomanie de certains.
F.-S. Comment s'y prenait-il pour mettre en confiance des actrices comme Isballe Huppert, Catherine Deneuve ou encore la famille de Monaco ?
J.N. C'était un manipulateur. Au sens où un metteur en scène est un manipulateur. Newton, c'est l'antithèse du photographe de studio. Il était moins intéressé par la technique que par le récit. Il faisait des storyboards. Ses clichés ressemblent à des clichés de films. Lorsque l'on regarde le portrait de Catherin Deneuve, on n'a pas l'impression qu'elle pose mais plutôt qu'elle joue un nouveau rôle pour lui.

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