TOUT EST DIT

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mercredi 4 avril 2012

« Dérobeurs » 

Y aura-t-il, avant le premier tour de la présidentielle, un débat télévisé à dix ? La question agite les esprits, les médias et les partis.
France 2, chaîne publique, tente de l’organiser pour le 16 avril. L’émission existe déjà : « Mots croisés ». Mais il risque bien de rester quelques cases blanches dans la grille ce soir-là : les « grands » candidats ne sont pas chauds pour débattre avec les « moyens » et les « petits ».
François Bayrou s’en offusque. Le candidat centriste estime qu’un tel débat doit avoir lieu. Avec les dix candidats eux-mêmes, pas avec des seconds couteaux.
Fâché du refus de Sarkozy et de Hollande, l’agrégé de Lettres les a traités de « dérobeurs », choisissant au passage un mot désuet, qui sent bien son Littré, mais reste clair et sévère.
Ces « dérobeurs » — on le sent bien — pensent que le vrai débat télévisé est celui du second tour. À deux, dans la « cour des grands ». Leurs équipes jugent qu’ils ont plus à perdre qu’à gagner à s’aligner sur l’écran avec d’autres candidats qui, sauf surprise, ne le seront plus le 23 avril. On peut juger cette attitude fuyante. Elle est surtout tactique.
À la vérité, ce débat à dix manquera-t-il beaucoup à la campagne pour éclairer l’électeur ? Les règles strictes (et complexes) qu’impose le Conseil supérieur de l’audiovisuel aux chaînes assurent déjà une présence équilibrée des dix candidats sur les écrans. La presse écrite et Internet offrent à chaque électeur la possibilité de suivre le grand débat continu de la campagne et d’approfondir les programmes, les postures et les biographies. S’il le veut, quand il le veut.
De fait, c’est bien plus au spectacle qu’à la démocratie que vont manquer les « dérobeurs ». Cette pièce de théâtre télévisée, avec ses deux premiers rôles tenus par des doublures, fera un peu moins d’audience. Mais tant mieux si elle révèle des talents jusqu’ici méconnus.

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