TOUT EST DIT

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lundi 9 avril 2012

Campagne officielle: tous égaux… ou presque

Clips, affiches, professions de foi : le rituel électoral de la dernière quinzaine qui commence aujourd’hui vise à instaurer une égalité entre les dix candidats, jusqu’au 20 avril. En réalité, ils ont largement les moyens de contourner les règles…
Jusqu’au 20 avril, Jacques Cheminade va disposer dans les médias audiovisuels, sur les panneaux électoraux et dans les boîtes aux lettres du même espace d’expression que Nicolas Sarkozy ou François Hollande.
Les dix candidats se soumettront au cérémonial de clips chronométrés et millimétrés. Leurs militants ou des sociétés rémunérées colleront des affiches formatées qui seront maquillées, taguées, arrachées. Le citoyen recevra « la propagande » déposée dans les préfectures et tellement encadrée qu’il est interdit de confronter ses idées et de comparer son programme avec l’adversaire.

France 2 a bien essayé de briser la routine en invitant les candidats par cinq pour deux émissions Des Paroles et Des Actes. Mais ce sera davantage une succession de monologues que du débat. Ces règles qui amusent beaucoup les Américains, habitués à des campagnes sans limites dans les coûts et les coups que s’adressent les candidats, sont guidées par un souci d’équité de traitement et de moyens. Mais pendant ce temps, sur internet et les réseaux sociaux, les équipes de candidats dépenseront, cogneront, diffuseront sans compter, les militants distribueront les tracts aux contenus libres sur les marchés, et certains afficheront sauvagement sur les transformateurs électriques, les ponts et les murs borgnes : la palme de l’incivilité revient à Mélenchon, devant Marine Le Pen et Poutou.
La question est donc posée : cette campagne officielle est-elle factice ?Le président du CSA Michel Boyon demande de changer la loi afin d’ enrichir le débat politique. Pour le politologue Stéphane Rozès, « Internet a balayé ces règles. Il y a aussi la presse écrite, les meetings. L’envoi des professions de foi en même temps que les bulletins reste indispensable pour l’information de l’électeur qui entre plus tard que les candidats dans la campagne. Mais il a aussi besoin de confrontation pour se forger une opinion. Le débat d’entre deux tours est plus important que ces actes officiels ».
Du point de vue politique, logiquement cette égalité devrait profiter aux petits candidats, marginalisés. « C’est l’effet nouveauté, découverte ou un décalage par rapport aux autres qui donne une notoriété et une sympathie soudaine à un candidat. Pas l’égalité médiatique ou une affiche » estime Stéphane Rozès. Un reportage sur la tournée du facteur Besancenot avait permis en 2002 au postier de feu la LCR de passer de 0,5 % à 4 % d’intentions de vote à J-15 du scrutin. Mais à l’époque, internet montait en puissance et Facebook n’existait pas.
En attendant de revoir la loi pour trouver un équilibre entre ces règles hors du temps et la gabegie de dollars, la diffamation permanente autorisées en Amérique, c’est reparti comme en 1974…


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