TOUT EST DIT

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lundi 5 mars 2012

Fragilités en sous-sol 

 La victoire de Vladimir Poutine s’explique d’abord par l’immense faiblesse structurelle de la vie politique russe. Les contestations qui grandissent depuis trois mois, trop dispersées, n’ont pas dégagé de leader. 

Aucune des jeunes forces n’était en mesure de proposer une alternance, d’autant que la pseudo-campagne électorale a comme d’habitude été confisquée par le Kremlin. Les opposants ont les forces et faiblesses de la blogosphère dont ils sont issus: capacité à organiser des manifestations publiques, ce qui est nouveau, mais incapacité à prendre un pays en mains dès le lendemain d’un scrutin. 

Poutine agit depuis douze ans selon un principe unique: faire le vide autour de lui, écarter ceux qui auraient pu se mettre sur sa route, à commencer par le brave Dmitri Medvedev obligé de renoncer au second mandat auquel il avait un temps rêvé. L’hypothèse de la relève de Poutine par un Medvedev plus libéral et plus attaché à l’Etat de droit était un leurre. Poutine n’a dirigé le gouvernement sortant que parce que c’était la meilleure façon de continuer à tirer les ficelles. 

Ce n’est pas le parti communiste qui aurait pu le défier. Usé jusqu’à la corde, soutenu par un électorat plus nostalgique que combatif, il est conduit par Guennadi Ziouganov, un apparatchik exhumé du siècle dernier qui se félicite de chaque nouvelle défaite, car elle le pousse à croire qu’il n’est pas encore mort. Poutine aimerait que son retour en première ligne, sans Medvedev pour faire écran, lui donne des airs d’homme fort. Mais son assise est bien plus fragile qu’il y a huit ans. 

Ce nouveau mandat est à haut risque. Il faut moderniser l’économie, la diversifier sans tout attendre des conglomérats confiés à quelques oligarques préalablement agréés. La dépendance à la rente gazière et pétrolière est une grande source de vulnérabilité. Même si le cours du baril reste haut, Poutine aura beaucoup de mal à financer les promesses considérables faites à la classe moyenne et à l’armée. 

Et surtout, il doit dès aujourd’hui stabiliser la situation politique. Poutine a une hantise: que les mouvements de foule à Moscou se terminent comme en Tunisie, en Égypte ou en Ukraine après la «Révolution orange» de 2004. Il n’y aura pas de second tour dans les urnes, qu’en sera-t-il dans la rue?

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