TOUT EST DIT

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dimanche 5 février 2012

Le printemps reviendra, forcément 

Parmi ceux qui n'applaudissaient pas au Printemps arabe, les plus cyniques cachent mal aujourd'hui une certaine jubilation. Ils nous l'avaient bien dit que les islamistes étaient en embuscade ! En Tunisie, en Égypte, les religieux ont remporté les premières élections démocratiques ; en Libye, la loi coranique est de retour. Avec les précédents, on était en terrain connu, et même conquis pour certains. Avec leurs successeurs, on n'est plus sûr de rien. Or c'est un point commun aux Bourses et à la diplomatie que de ne pas aimer les surprises. Le monde est plus dangereux depuis ce Printemps arabe qu'il ne l'était avant. Les sceptiques devant ces révolutions et les ennemis de ces prises de pouvoir « intempestives » nous avaient donc prévenus. En quelque sorte, nous n'avons, et ces peuples arabes en premier lieu, que ce que nous méritons. Ces observateurs « lucides » sont persuadés d'incarner le versant réaliste de la diplomatie, qui s'opposerait à une interprétation romantique et sentimentale de la marche du monde. Soutenir les peuples, c'était prendre le risque de faire arriver au pouvoir des régimes pires encore que les autocraties précédentes, c'était ouvrir la boîte de Pandore dans une région que regarde le monde entier. Difficile de nier qu'un renversement simultané de la plus grande partie des régimes proche-orientaux présentait une part de risques, pour les peuples eux-mêmes et pour l'équilibre du monde. Mais est-il bien « réaliste » de dire à ces peuples que, s'ils souffrent d'un régime autoritaire, injuste et corrompu, c'est pour leur bien et pour celui de l'humanité ? En réalité, c'est la notion de démocratie et d'universalité de ses valeurs qui sont remises en cause par certains de ceux qui ne croyaient pas vraiment au Printemps arabe. Selon eux, le suffrage populaire ne pouvait déboucher que sur un vote favorable aux islamistes. Pour eux, l'arrivée des islamistes, modérés ou pas, est incompatible avec la démocratie. Quand les peuples votent, ils se trompent peut-être, mais ils sont souverains. Personne ne peut gommer leur décision et leur demander de revoir leur copie. Ils empruntent leur propre voie. Est-on d'ailleurs si sûr qu'elle soit différente de la nôtre ? On se souvient qu'il fallut un siècle et demi pour asseoir vraiment la République en France. Les Syriens, qui se battent depuis presque un an contre un régime sanguinaire, ne pensent pas à l'équilibre du monde, pas plus qu'ils ne font de la philosophie politique ils veulent être libres dans une société plus juste. S'ils sont prêts à mourir pour ça, comme le firent tant de peuples avant eux, c'est sans doute la preuve que cette aspiration-là est irrésistible et universelle. Elle s'imposera donc, même aux sceptiques. Quand les peuples votent, ils se trompent peut-être, mais ils sont souverains. Personne ne peut gommer leur décision et leur demander de revoir leur copie.

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