TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

samedi 25 février 2012

Le poids des mots 

Toutes les paroles ne s’envolent pas. Elles ont une force - ou doivent en avoir. Sinon, impossible de lutter contre la tentation de l’abstention. Cette question est au cœur de toute campagne électorale. Enlevez des estrades les écrans géants, les jeux de lasers et autres paillettes, que reste-t-il ? La parole du candidat. C’est par le verbe que l’on convainc. Les répliques qui sonnent juste, les protestations sincères, les indignations surjouées et même les «petites phrases» semées comme des hochets, tout cela compose une musique qui vous séduit ou vous hérisse. On n’est qu’à huit semaines du scrutin, un meeting chasse l’autre et le citoyen sollicité par ses fins de mois n’y fait guère attention. Pourtant, c’est bien à cet écho que l’on se référera au moment d’aller voter - ou de rester chez soi. Quelles que soient les mises en équation de la géographie électorale, la politique est une passion qui doit être partagée. C’est la passion la plus sincèrement exprimée (ou la moins hypocrite si l’on est d’un naturel méfiant) qui fera bouger les lignes. Que cesse la passion et la victoire est en danger. C’est le problème de Nicolas Sarkozy. Il assure qu’il a toujours le feu sacré, mais ceux qui se réchauffent à sa flamme sont moins nombreux qu’en 2007. Le voilà donc dans la position du challenger, obligé de riposter alors qu’il aimerait donner le tempo. La crise le rattrape à chaque coin de discours. Quand le président sortant chante les vertus du travail et quête l’approbation de «la France qui se lève tôt», François Hollande n’a pas de mal à dénoncer les pénuries d’emplois et le délai consternant auquel les jeunes diplômés sont confrontés avant de trouver leur premier emploi stable. On dit souvent avec dédain qu’une campagne électorale n’est que de la rhétorique. Il ne faut pas en sous-estimer le poids. Aristote le soulignait déjà: la logique n’est pas la meilleure façon de convaincre. Car la logique s’appuie sur la démonstration; c’est l’affaire de la science, non de la politique, qui, empruntant les chemins de la subjectivité, joue sur la persuasion. Voilà pourquoi tant de petits candidats ne font pas dans la dentelle et tablent sur les sentiments. C’est tout le succès de Mélenchon face à Joly. Et naguère de Le Pen face à Jospin ou plus anecdotiquement de Laguiller face à Krivine.

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