TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

samedi 25 février 2012

A Florange, François Hollande, la saucisse et les métallos

Le candidat du PS est le premier à s'être rendu au chevet des métallos d'ArcelorMittal qui luttent contre la mort programmée de leur usine, à Florange. Son discours a plu, mais il doit encore faire ses preuves. Les promesses non tenues des politiques, ils en ont déjà soupé. 
François Hollande s'est rendu ce midi à Florange en Moselle pour rencontrer les métallurgistes d'ArcelorMittal qui craignent la fermeture de ce site où travaillent plus de 2 500 salariés en CDI, 5000 y compris les intérimaires, CDD et sous-traitants.  
Cela s'est décidé à la dernière minute. La fédération de Moselle du Parti socialiste l'a annoncé le matin même. Les syndicalistes du site, eux, ne l'ont appris que la veille au soir, confie Jean-Marc Vécrin, délégué CFDT. "Il y avait urgence, la situation des salariés de Florange nécessitait qu'on s'en préoccupe", explique Michel Liebgott, maire de la commune voisine de Fameck et député PS de Moselle. 
[Retrouvez le duel à distance qui a opposé François Hollande et Nicolas Sarkozy, qui était au même moment face aux salariés de Petroplus en Seine-Maritime.
Autant dire que les métallos d'ArcelorMittal n'ont pas mis les petits plats dans les grands pour recevoir le candidat socialiste à l'Elysée. Dans la matinée, le blocage de la sortie des expéditions du site, entamé jeudi, se poursuivait, pendant que l'intesyndicale (CGT-CFDT-FO-CFE-CGC) se réunissait pour décider de la suite des événements. Les manifestants se réchauffent comme ils peuvent en buvant du café soluble et se serrant autour d'un grand feu allumé devant l'usine, alimenté par des pneus, morceaux de bois et autres matériaux. L'ambiance n'est pas à la fête. La visite de François Hollande ne suscite pas spécialement d'engouement. 
"François, c'est ici que ça se passe!"
Vers midi, peu avant l'arrivée du favori de la présidentielle, la foule se fait plus dense. Aux côtés des métallos d'ArcelorMittal se pressent désormais des élus locaux de gauche (maires, adjoints, représentants de la région). Le président divers droite du conseil général de Lorraine, Patrick Weiten, est aussi présent. Il se fait discret. La visite de Hollande? "Attention de ne pas récupérer politiquement la souffrance des familles qui craignent de perdre leur emploi", prévient-il. 
Vers 13 heures, François Hollande arrive sur le site. Mais il est bloqué par les hordes de journalistes, photographes et caméras qui l'entourent. "François, c'est ici que ça se passe, c'est nous que tu es venu voir!", crient les ouvriers qui ont formé une haie d'accueil. Les sifflets se multiplient. L'impatience monte. C'est la bousculade. Le candidat socialiste parvient avec peine à s'approcher du camion qui sert de porte-voix des délégués syndicaux. "François monte sur le toit du camion!", crient les ouvriers. Ce qu'il fait.  
Licenciements
Après avoir écouté les revendications des représentants syndicaux, François Hollande prend la parole. "Je suis candidat à l'élection présidentielle, je viens devant vous prendre des engagements avec toute la responsabilité nécessaire, je ne veux pas moi me retrouver dans la situation d'être élu sur une promesse et de ne pas revenir parce qu'elle n'aurait pas été tenue", lance-t-il en référence à la promesse non tenue de Nicolas Sarkozy aux salariés ArcelorMittal de Gandrange, en janvier 2008, celle de ne pas laisser fermer leur usine - promesse non tenue puisque le site a fermé un an après. 
Sous les cris de "Hollande président" - plutôt rares - et de "interdiction des licenciements" - très nombreux -, l'élu socialiste s'est engagé à déposer un texte de loi obligeant les entreprises qui veulent fermer à céder les unités de production à des repreneurs.  
Il a également vertement critiqué les accords compétitivité-emploi prônés par Nicolas Sarkozy. Il a rappelé être favorable à la représentation des syndicats dans les comités d'administration pour participer à la prise de décisions stratégiques, et promis d'augmenter les cotisations chômage des entreprises qui recourent à l'intérim pour lutter contre la précarité des salariés. Applaudissements.  
"Bien reçu"
François Hollande traverse ensuite la barrière de fumée qui entoure le feu et se rend à la buvette pour manger une saucisse avec les métallos d'ArcelorMittal, avant de repartir. Simplicité et proximité avec la classe ouvrière. C'est symbolique, mais "cela fait plaisir, ça prouve qu'il ne nous toise pas", confie Frédéric Weber, délégué CFDT. "Il a été bien reçu", ajoute-t-il.  
Si sa cote de popularité excède largement celle de Sarkozy, le candidat socialiste ne part pas pour autant avec un blanc-seing électoral. Car les salariés ont conscience d'être un enjeu de campagne, rien de plus. Hollande en a peut-être convaincu certains, mais la plupart restent inquiets pour l'avenir de leur usine et la pérennité de leurs emploi. "Des élus qui viennent faire des promesses, on en a déjà vu avant. C'est la période qui veut ça. On attend de voir si lui, il va vraiment tenir ses promesses", conclut Julien, 27 ans. Fondeur à Florange depuis cinq ans, il voit l'avenir en noir. 

0 commentaires: