TOUT EST DIT

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mercredi 22 février 2012

Athènes en régime de souveraineté limitée

L'Europe se fait à l'aube, elle se construit au petit matin. Si possible dans les moments d'épuisement collectif de ses représentants. On ne dira jamais assez ce que l'intégration européenne doit à ces interminables négociations qui s'achèvent dans la blancheur timide d'une aurore bruxelloise.
Il en fut ainsi ce mardi 21 février autour de 4 heures du matin. In extremis, la Grèce a été sauvée de la faillite. Un énième accord a été conclu qui doit permettre à Athènes de rembourser la partie de sa dette publique venant à échéance le 20 mars. C'est une bonne chose.

Le débat ne portait pas sur des questions de technique financière. Il était politique. Il opposait deux camps, deux Europe, à vrai dire. D'un côté, les pays d'Europe du Nord, ceux dont les finances publiques sont en ordre, les notés AAA. Ceux-là sont fatigués de payer pour la Grèce.
Ils l'ont fait savoir. Menés par Wolfgang Schäuble, le ministre des finances allemand - sur ce point en désaccord avec Angela Merkel, à moins qu'il n'y ait eu partage des tâches -, les Pays-Bas et la Finlande étaient prêts à laisser la Grèce aller à la faillite.
Ils l'accusent de ne pas avoir tenu les engagements pris lorsqu'une première bouée de sauvetage, un prêt de 110 milliards d'euros, lui fut lancée il y a deux ans. Ils pensent qu'un défaut de la Grèce ne serait pas contagieux. Ils jugent que la Banque centrale européenne (BCE), avec le généreux soutien qu'elle accorde aujourd'hui aux banques de la zone euro, a dressé un infranchissable pare-feu.
Les autres Etats de l'eurozone en sont moins sûrs. Ils n'ont pas voulu prendre le risque d'un défaut d'Athènes - en clair, sa sortie de l'euro. Ils l'ont emporté. La Grèce va disposer d'un nouveau prêt, de 130 milliards d'euros celui-là.
Tout le monde met la main à la poche : les Etats (les contribuables) ; la BCE, qui renonce à certaines plus-values ; enfin, le secteur privé, qui accepte d'abandonner un peu plus de la moitié de ses créances sur la Grèce (de façon à effacer 107 des 350 milliards d'euros de la dette publique d'Athènes). Cela ressemble à une Europe des transferts.
Mais le groupe des AAA a imposé ses conditions. Entre lui et les dirigeants grecs, quelque chose s'est cassé : la confiance. Les finances publiques grecques sont placées sous tutelle ; un régime de souveraineté budgétaire limitée est imposé à Athènes.
Cela doit lui permettre de ramener sa dette à 120 % du produit intérieur brut en 2020. Chiffre encore énorme, dont il n'est pas sûr qu'il soit supportable hors forte reprise de la croissance.
Sondage après sondage, les Grecs disent à près de 70 % qu'ils veulent rester dans l'euro. Ils ne croient pas, sans doute à raison, dans les vertus d'un retour à la drachme. Ils doivent confirmer leur choix en faveur de l'euro en votant aux élections générales d'avril. Il faudra, d'une façon ou d'une autre, les aider à retrouver le chemin de la croissance. Il y aura encore des petits matins difficiles à Bruxelles.

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