TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

vendredi 6 janvier 2012

Un sommet social sous hypothèques

Qui pourrait sérieusement récuser l'idée de réunir un sommet des forces économiques et sociales pour tenter de dégager des solutions au chômage massif qui frappe notre pays ? Aucun esprit responsable. Le sommet « social » du 18 janvier est tout sauf une incongruité démocratique, d'autant qu'il s'inscrit dans une forme de continuité. C'est le quatrième organisé par le Président depuis 2007. Mieux, ces rencontres ont enfanté vaille que vaille quelques mesures utiles, sur l'aménagement du marché du travail, le chômage partiel, la représentativité syndicale entre autres.

Dès lors, d'où vient le malaise dominant qui semble miner par avance la rencontre du 18 janvier ? Quatre raisons expliquent le scepticisme grandissant, y compris parfois dans les rangs de la majorité. Ce sommet est évidemment trop tardif pour ne pas être suspecté d'être instrumentalisé à des fins politiques par le Président. Et pour pouvoir élaborer dans l'urgence, souvent mauvaise conseillère, des réformes fondamentales. Le volontarisme affiché de la dernière heure ne fera pas oublier les ratés du quinquennat.

Ce sommet souffre aussi d'une adhésion des plus tièdes du chef de l'État aux vertus de la démocratie sociale, largement confirmée depuis cinq ans. Durant son mandat le Président n'a donné que peu de signes de reconnaissance aux représentants syndicaux, pas même celui de saluer leur esprit de responsabilité durant la récession ou la contestation bien cadrée de la réforme des retraites. Il s'est, au contraire, cramponné à des totems comme la défiscalisation des heures supplémentaires qui ne pouvaient qu'accentuer la cassure avec les confédérations ouvrières.

Pas de marge de manoeuvre financière

Plus concrètement encore ce sommet semble désarmé par avance pour trouver des solutions à la hauteur des enjeux. Le dos au mur d'une dette colossale et d'une menace avérée sur la perte du triple A qui va alourdir ses emprunts, le gouvernement n'a plus aucune marge de manoeuvre financière. Aucune mesure efficace à prise rapide disponible pour faire face à la récession qui s'installe.

Pour compliquer un peu plus l'équation, le pouvoir a relancé le débat sur la TVA dite sociale. Ce qui laisse perplexe. Sur la forme : braquer les syndicats avec qui l'on prétend renouer et convoquer un sommet après en avoir défini la conclusion principale n'est pas très adroit. Sur le fond : présenter à la hâte une solution compliquée et longue à mettre en oeuvre, socialement inégalitaire et économiquement peu efficace, est pour le moins troublant. D'autant que le pouvoir l'avait déjà retoquée il y a cinq ans !

Alors ? Faut-il penser que cette TVA, qui fait aussi tousser dans les rangs majoritaires, n'est qu'un leurre qui se dissipera au dernier moment ou s'effacera devant l'utilisation d'un autre levier, la CSG par exemple ? Ou plus simplement doit-on se contenter de constater que cette taxe est d'abord un outil de communication politique.

En l'occurrence il ne s'agit pas d'élaborer des mesures vraiment opérationnelles, mais d'afficher une volonté sans faille de traiter la question du chômage... Bref, de parler aux citoyens - et aux électeurs - par-dessus la tête des syndicats.

0 commentaires: