TOUT EST DIT

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jeudi 12 janvier 2012

La faillite… du leadership

Comment a-t-il pu se faire que la crise d’une dette souveraine, minuscule à l’échelle du monde, celle de la Grèce, ait pris des dimensions telles qu’elle en soit devenue une menace non seulement pour l’euro mais aussi pour la cohésion de l’UE et même pour la prospérité de la planète ? Du fait de leurs hésitations, de leurs erreurs parfois, les dirigeants européens en sont en grande partie responsables. Pour se défendre, ceux-ci affirment qu’ils ont dû faire face à la crise la plus grave depuis celle qui, débutant en 1929 par le krach de Wall Street, devait mener ensuite à la Grande Dépression des années 30 puis à la Deuxième Guerre mondiale. Il existe une cause commune au déclenchement de ces deux faillites de l’économie : c’est aujourd’hui, comme en 1929, l’aveuglement et l’irresponsabilité des établissements financiers américains libérés de la régulation de leurs activités.
Au XXIe siècle, l’expérience passée a permis, dans un premier temps, de contenir la catastrophe et de reprendre espoir. C’était sans compter avec l’aveuglement des dirigeants des pays européens les plus fragiles qui n’ont pas hésité à s’endetter auprès des banques. Ils avaient imaginé que leur appartenance à l’euro les préserverait de ce qui les eut menés du temps des monnaies nationales à une catastrophe. Leur impéritie s’avéra contagieuse pour toute l’Europe du fait de l’existence de cette monnaie commune. Un autre point commun à ces deux crises dévastatrices explique l’incapacité à en contrôler l’ampleur, c’est l’extrême faiblesse du personnel politique. Aux Etats-Unis, de 1929 à 1932, le président Hoover se révéla incapable de prendre la moindre initiative. En Allemagne, le chancelier Brüning à la tête de la fragile république de Weimar, terrorisé par le souvenir de l’inflation qui avait ravagé son pays dans les années 20, se lança dans une politique déflationniste qui provoqua un chômage de masse et ouvrit la voie à Hitler. En France, Pierre Laval crut bon de suivre son exemple et favorisa ainsi, contre son gré, l’accès au pouvoir du Front populaire. Au XXIe siècle, si, aux Etats-Unis, Obama a su dans un premier temps prendre les mesures d’urgence qui s’imposaient, il est désormais paralysé par une opposition républicaine majoritaire au Congrès, qui entrave ses nouvelles propositions de relance de l’économie.
En Europe, la Commission a été dépassée par les événements. Il serait impossible de citer une initiative significative de MM. Barroso ou Van Rompuy. Les institutions européennes ont abandonné la conduite des opérations au couple franco-allemand qui avance certes vers un renforcement des liens communautaires, indispensable pour sauver l’euro, mais dont la conduite de la politique économique n’est pas loin de rappeler celle de MM. Brüning et Laval. C’est en période de crise qu’un leadership clairvoyant et déterminé se révèle indispensable. Sans aller jusqu’à évoquer ce que nous devons à Roosevelt, Churchill et de Gaulle, on se souviendra que la naissance de l’Europe n’eut pas eu lieu sans Adenauer, Schuman et Alcide de Gasperi et que c’est l’alliance de Reagan, Thatcher, Mitterrand et Kohl, auxquels il faut ajouter Jean-Paul II, qui précipita la fin de l’Union soviétique. La crise actuelle appelle urgemment à l’émergence d’un nouveau leadership sur les deux rives de l’Atlantique. Malheureusement, il n’en existe pas de signe avant-coureur.

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