TOUT EST DIT

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lundi 9 janvier 2012

Catch à quatre

«La campagne s’emballe» nous dit-on. Et pourtant, elle n’emballe personne, à l’exception des professionnels de la profession. Les Français, eux, ont la tête ailleurs. Et cette distance relativise d’autant les sondages qui se présentent volontiers comme une mesure des passions politiques quand ils ne sont que les anémomètres des vents changeants et des humeurs contradictoires du pays. Ils ont malgré tout une qualité irremplaçable : ils égaient les dimanches gris de l’hiver par des épisodes d’intensité. Hier ce fut le «resserrement». La belle affaire ! Quel tournant quand chacun pressent que la qualification pour le second tour ne se jouera pas seulement dans un duel Sarkozy-Hollande mais dans un match à quatre, entre 16 % et 22 % des voix, avec Marine Le Pen et… François Bayrou.

Qui aurait parié ne serait-ce qu’un drachme sur le Béarnais il y a encore deux mois ? Mais il est là et bien là entre 12 % et 14 % dans les intentions de vote, continuant de progresser régulièrement. Lui qui a traversé un long désert de cinq ans avec l’improbable véhicule du MoDem a réussi à tenir jusqu’à l’aube de cette année 2012. Luxe suprême, le survivant observe tranquillement le ralliement d’une partie de ceux qui l’ont trahi depuis la création de l’UMP il y a 10 ans. Le voilà qui peu à peu reconstitue le socle d’un centre-droit qu’il avait imprudemment dédaigné après le premier tour de 2007, ces déçus de l’aventure sarkozyste qui se reconnaissent à nouveau en lui. Tout l’enjeu, pour celui qui fut le dernier président de l’UDF, consiste désormais à faire la synthèse de ces revenants avec son nouvel électorat, plutôt de gauche, lui. S’il y parvient, il pourrait - à la tête d’un parti qui n’a que 3 députés et même pas de groupe parlementaire à l’Assemblée - faire mentir les fondamentaux de la V e République. Face à un candidat socialiste qui peine à trouver sa véritable dimension et à un candidat-président qui se bat mais ne convainc pas - ou plus, ou peu - il s’est ouvert, avec une présidentialité naturelle, un espace suffisant pour conquérir une chance sérieuse de l’emporter.

Tout est possible, décidément, dans cette compétition dont les règles du jeu volent en éclats jour après jour. En proposant tout à trac d’instaurer une taxe sur les transactions financières en solo - avant le 1er tour ! - après avoir misé sur la création d’une taxe sociale, Nicolas Sarkozy joue son va-tout au risque de s’exposer à la colère de ses pairs européens. Comment sa chère «Angela», qui voulait attendre 2014, va-t-elle accueillir aujourd’hui celui qui lui fait une infidélité pour jouer au joli cœur avec l’électorat français ?

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