TOUT EST DIT

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mardi 31 janvier 2012

Haro sur le commissaire au budget

Les 130 milliards du deuxième plan d’aide à la Grèce contre la tutelle d’un commissaire européen au budget sur Athènes : cette proposition allemande, révélée à la veille du Conseil européen du 30 janvier, n'est, ni plus ni moins, qu’une atteinte à la souveraineté d’un Etat, estime la presse européenne.
“Une ombre va peser sur le Conseil européen d’aujourd’hui à Bruxelles”, constate Público. “L’ombre d’une proposition allemande selon laquelle le gouvernement grec serait placé sous le contrôle direct d’un ‘commissaire au budget’ avec des pouvoirs de décision”. Cela pose un problème, estime le quotidien portugais.
Une chose est de voir la souveraineté financière limitée par des circonstances particulières, telles que celles qui vivent le Portugal ou la Grèce. Une autre est de voir la souveraineté politique traitée comme un problème mineur.
Or, note Le Monde, si la proposition allemande, révélée par le Financial Times, devait être approuvée par les Vingt-Sept lors du Conseil européen, la Grèce
devrait aussi s'engager dans son budget à "utiliser les revenus de l'Etat d'abord et avant tout pour le service de la dette", c'est à dire le remboursement des intérêts des emprunts contractés. Cet abandon de souveraineté devrait enfin, selon le document, être inscrit "pleinement" dans la législation nationale grecque, "de préférence via un amendement à la Constitution".
A Athènes, ce projet suscite la colère. “Nein, nein, nein”, titre Ta Nea, qui oppose aux demandes de la chancelière allemande un triple refus de perte de la souveraineté du pays, des treizième et quatorzième mois et du salaire minimum. Pour cela, le quotidien appelle
le gouvernement, les partis politiques et les syndicats [à] établir un front de négociation fort face aux créanciers et aux superviseurs dans le pays. Pour parler d'une seule voix, nous devons tous mettre de côté les stratégies personnelles, les objectifs des partis, les rivalités entre les groupes et les considérations électorales. Rien de tout cela n'aurait de valeur si la lutte pour le salut national était perdue au bout du compte.
De son côté, dans le quotidien To Ethnos, l’éditorialiste Georges Delastik s’insurge contre la proposition allemande qui, à son sens,
ne peut être considéré comme venant d'un pays ami. Le document recommande des conditions dictées par un conquérant à une population asservie et doit donc être traité par le peuple grec comme une attaque hostile de la part d’un Etat qui veut détruire la souveraineté de la Grèce tout comme l’attaque de l'Allemagne nazie d'Hitler en avril 1941. [...] Un Gauleiter allemand décidera de fermer les écoles et les hôpitaux et de ne plus payer les salaires et les retraites publiques pendant un ou plusieurs mois. Méprisables, les Allemands préparent le cadre pour conduire les Grecs à la famine, au sens propre. [...] ce document révèle la face laide de la zone euro et de l’UE au XXIe siècle.
De toutes façons, juge la Frankfurter Allgemeine Zeitung, ce projet est “une distraction à usage de politique intérieure”. Car aucun commissaire ne pourra résoudre la crise. Rappelant l’exemple d’Othon Ier, le roi bavarois qui régna sur la Grèce de 1832 à 1862, le quotidien estime : 
On pourrait polémiquer si les Grecs avaient vécu sous Otton un développement économique comparable à celui de la Bavière. Mais ils seraient aussi peu libérés des dettes que la Bavière aujourd’hui. Car aussi longtemps que l’aide affluera, même si tout ce qui a été promis n’est pas tenu, aucun commissaire venant de Bruxelles ou de Berlin ne sera capable de remettre en état l’administration à Athènes. Il suffit de regarder la péréquation en Allemagne. La ville de Berlin consomme à elle seule les milliards de la Bavière, sans que l’Etat fédéral puisse pousser les Berlinois à changer quoi que ce soit dans leur vie “sexy” à crédit. Et çela continuera tant que ceux qui prennent seront plus nombreux que ceux qui donnent. C’est la même chose dans l’UE. Seule la matraque des taux d’intérêt des marchés ou la menace crédible d’un au revoir à l’euro peuvent forcer le changement.

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