TOUT EST DIT

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mardi 20 décembre 2011

«Surmenage mental»

Le régime nord-coréen a un talent inégalable pour faire confiner le sinistre et le loufoque. La mort de son «Cher leader» lui a donné une occasion de se surpasser dans ce registre singulier. La qualification de la cause profonde du décès de Kim Jong-Il n’est pas la moindre des drôleries involontaires des plumes serviles de Pyongyang. «Surmenage mental»: cela pourrait tenir de l’humour décalé pour signer l’acte de décès d’un des chefs d’État les plus authentiquement paranoïaques de la planète.

Les rares témoins qui ont pu approcher le personnage parlent pourtant d’un homme au comportement étrangement normal en dépit d’une cinéphilie monomaniaque qui laissait transparaître une admiration baroque pour… Jean-Paul Belmondo. Ce tyran de carnaval a réussi, pourtant, à asservir son pays au-delà des limites les plus sombres. Les pleurs, grincements de dents et autres manifestations théâtrales qui ont accueilli sa disparition ne sont pas le signe d’un soupçon d’humanité et de sentiment au cœur d’une nation autarcique. Toute cette émotion démonstrative est au contraire la preuve – hélas – de la folie totale d’un système qui a réussi, en circuit fermé, à transformer ses citoyens en robots obéissants. L’effacement du maître qui les manipulait provoque une impression, sincère, de manque… Ce stade ultime de la lobotomisation des esprits a de quoi provoquer l’effroi tant il est mécaniquement organisé dans un état où les intelligences sont capables de maîtriser la technologie nucléaire.

On cherche en vain des raisons d’espérer dans la transition de longue date préparée par le défunt, de la même façon que son père, Kim Il-Sung, l’avait envisagée pour lui. Ces despotes de père en fils réussissent l’exploit de cadenasser l’univers concentrationnaire dont dépend leur pouvoir, et qui survit à leur règne. Toute forme de contestation, toute forme de contre-pouvoir moral ou religieux, toute forme d’autorité autre que la leur a été éradiquée, ruinant par avance toute perspective d’évolution.

L’Amérique et la Chine ne souhaitent d’ailleurs rien de plus que «la stabilité» de cette zone stratégique pour toute la région, et pour le monde. Même la Corée du Sud, qui souffre depuis plus d’un demi-siècle d’une partition bien plus douloureuse que ne fut de l’Allemagne, ne rêve plus vraiment de réunification… Comment adresser messages plus désespérants à un peuple abandonné par l’Histoire ?

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