TOUT EST DIT

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samedi 17 décembre 2011

Mélange turc

Heureusement que la France n’aura pas à rencontrer la Turquie (éliminée) lors des prochains championnats d’Europe de football. Le face-à-face entre supporters aurait risqué d’être chaud tant la tension entre les deux pays est remontée à un degré maximal.

En rejetant toute idée d’entrée future de la Turquie dans l’Union européenne, Nicolas Sarkozy ne s’était pas fait que des amis à Ankara. Et en promettant à la communauté arménienne une loi pénalisant la non-reconnaissance du génocide arménien, le président de la République avait aggravé son cas au nom d’une certaine justice de l’histoire. Mais il avait compté sur le temps et sur le réalisme des relations internationales pour apaiser les vieux ressentiments diplomatiques. Le rapprochement entre les deux capitales sur le dossier syrien lui avait laissé espérer un réchauffement progressif indispensable avec la puissance en devenir que représente l’état musulman de 75 millions d’habitants qui fait le pont - au-dessus du Bosphore - entre deux continents, l’Europe et l’Asie, deux histoires, deux religions, et deux civilisations.

La discussion programmée du projet de loi de la discorde, le 22 décembre prochain, a rallumé la colère du premier ministre turc avec cet avertissement clair : si la France s’entête, elle le paiera car les dommages seront considérés comme irréparables. Recep Tayyip Erdogan fait curieusement allusion à des engagements qu’aurait pris le chef de l’État de faire capoter ce genre d’initiative considérée comme «hostile». Et il va au-delà de la simple intimidation sans lendemain puisqu’il avertit son interlocuteur qu’un vote favorable entraînerait le rappel pour consultations de l’ambassadeur en France, Tahsin Burcuoglu, et le gel de toute coopération avec Paris.

Nicolas Sarkozy semble bel et bien pris au piège d’une diplomatie électoraliste. En voulant contenter la diaspora arménienne - forte de 500 000 personnes - le président-candidat a joué avec le feu. On ne s’improvise pas justicier de l’Histoire à la légère en recourant à un outil législatif pour panser les plaies de la blessure profonde d’un peuple qu’un siècle n’avait pas réussi à refermer. Si la France doit être ferme dans la défense de causes qui justifient de mettre en danger ses intérêts économiques, elle ne saurait le faire avec un amateurisme intéressé.

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